<506>Il a puni le crime, il a vengé son père.
Celui que vous voyez traîné sur la poussière,
C'est un monstre, ennemi des dieux et des humains;
Dans le sein de Cresphonte il enfonça ses mains.

(Elle court vers Égisthe, qui paraît, la hache à la main.)

Celui que vous voyez, vainqueur de Polyphonte,
C'est le fils de vos rois, c'est le sang de Cresphonte;
C'est le mien, c'est le seul qui reste à ma douleur.
Quels témoins voulez-vous plus certains que mon cœur?
Regardez ce vieillard; c'est lui dont la prudence
Des mains de Polyphonte arracha son enfance.
Les dieux ont fait le reste.

NARBAS.

Oui, j'atteste les dieux
Que c'est là votre roi, qui combattit pour eux.

MÉROPE.

Reconnaissez mon fils à son âme intrépide.
Eh! quel autre jamais qu'un descendant d'Alcide,
Nourri dans la misère, à peine en son printemps,
Eût pu venger Messène et punir les tyrans?

ÉGISTHE.

Amis, pouvez-vous bien méconnaître une mère?
Un fils qu'elle défend? un fils qui venge un père?

LE PEUPLE.a

Celui qui nous vengea d'un tyran abhorré
Comme roi, dans nos cœurs, est par nous adoré.
O roi! venez jouir du prix de la victoire;
Ce prix est notre amour, il vaut mieux que la gloire.

ÉGISTHE.

Elle n'est point à moi; cette gloire est aux dieux :
Ainsi que le bonheur, la vertu nous vient d'eux.


a L. c. acte V, scène VIII.