<63> dans la situation où le ciel m'a bien voulu mettre; je trouve que j'ai plus que je ne mérite, et je fais consister mon plus grand bonheur dans la connaissance que j'en ai. Néanmoins, je n'oublie pas mes bons amis qui contribuent à m'assurer ma sécurité, et je vous prie par conséquent de faire bien mes assurances d'amitié au comte de Seckendorff; tout errant qu'il est, je suis fortement persuadé qu'il n'oublie pas ses amis. J'espère que s'il va en Danemark, entre ci et Hambourg, il me fera le plaisir de vouloir bien prendre un repas chez moi : tout ce que j'ai de délicieux sera servi en abondance, et je n'épargnerai ni perdrix ni chevreuil, et le Champagne rouge coulera; enfin je ferai tous mes efforts pour bien recevoir un bon ami, et le meilleur plat que je lui pourrai présenter sera la bonne volonté de l'hôte. Je suis persuadé qu'il s'en contentera, et j'espère qu'il en sera persuadé.

Je ne bouge quasi pas de chez moi; je me divertis avec les morts, et ma conversation muette m'est plus utile que toute celle que je puis avoir avec les vivants. Ensuite je me récrée par la musique, et tantôt j'ai recours à la douce lyre dont Apollon daigne m'inspirer; mais plus discret en ma verve, je retiens le tout devers moi, et j'offre les productions d'Apollon à Vulcain, qui les résout. Telle est ma vie, et les occupations qui me la diversifient. Je souhaite, en attendant, du fond de mon cœur que vous passiez votre temps agréablement, et que vous soyez persuadé, monsieur, que je serai toujours avec une estime parfaite, etc

Dans ce moment je reçois l'incluse, que je vous envoie, vous priant de me conseiller ce que j'ai à faire.