<116>Empreinte dans nos cœurs par une main divine,
Ne servit ni Baal, ni le Dieu d'Israël;
Moi, dont l'adversité fut pour trois mois l'école,
Qu'à Vienne un frauduleux écrit
Annonçait vagabond, proscrit,
Que plus d'un ministre frivole,
Plus d'un maraud tondu, décoré d'une étole,
Sur les vagues récits d'un téméraire bruit,
Avait cru terrassé, détruit :
Par un coup imprévu la quinteuse Fortune,
Après m'avoir cent fois préféré mes rivaux,
Et prêt à me noyer, par caprice ou rancune,
D'un secourable bras m'élève sur les flots;
Et cet homme bénit, ce dévot personnage,
Qui dévore son Dieu cinquante fois par an,
Et qui, pour triompher de nous et de Satan,
Va trottant en pèlerinage,
Ce héros, par brevet portant titre de sage,
Confondu, brouillé dans son plan,
Nous abandonne ce rivage;
En Bohême il s'est élancé,
En haletant, tout harassé,
Comme un dogue étranger fuit, en hurlant de rage,
Le cuisinier qui l'a fessé.
O fantasque Fortune! enfin en est-ce assez?
Comme de notre sort ta cruauté se joue!
Celui-ci sous un dais par ta main est placé,
Et celui-là du trône est jeté dans la boue.
Ce fameux Fabius que le saint-père avoue,
Par toi si longtemps caressé,
Dont l'image t'était si chère,
Éprouve, en s'étonnant, les flots de ta colère;
A cet amant heureux, qui m'avait effacé
De ta mémoire trop légère,
Aujourd'hui sans raison ta faveur me préfère.
Mais le souvenir du passé
Sur l'obscur avenir m'éclaire;
Toi-même, tu m'appris le cas