<419> ses sœurs, toutes deux astronomes, et leur conseilla de ne point enterrer leur frère, parce qu'il y avait beaucoup d'exemples de personnes que l'on avait enterrées avant que leur trépas fût avéré; et, par le conseil de cet ami, les sœurs crédules du morta attendirent trois semaines avant que de l'enterrer, jusqu'à ce que l'odeur du cadavre les y força, malgré les représentations du ministre, qui s'attendait tous les jours à la résurrection de M. Kirch. J'ai trouvé l'histoire si singulière, qu'elle m'a paru mériter la peine d'être mise dans un conte. Je n'ai eu d'autre objet en vue que celui de m'égayer; et, s'il est trop long, vous n'en attribuerez la raison qu'à l'intempérance de ma verve.

Que ma bague, mon cher Voltaire, ne quitte jamais votre doigt. Ce talisman est rempli de tant de souhaits pour votre personne, qu'il faut de nécessité qu'il vous porte bonheur; j'y contribuerai toujours autant qu'il dépendra de moi, vous assurant que je suis inviolable-ment votre, etc.

Faites, s'il vous plaît, mes compliments à votre aimable marquise.b


a Par le conseil de ce crédule ami, les sœurs du mort, etc. (Variante de la copie de Saint-Pétersbourg.)

b Toute la fin de cette lettre, depuis le vers :
     

D'une foule de courtisans,

omise dans l'édition de Kehl, est tirée des Œuvres posthumes, t. IX, p. 103-105. Elle se trouve aussi dans la copie que nous avons mentionnée dans les deux notes précédentes.