<595>neur de me dire au sujet de ses ouvrages et de son style. Mais ce qui me fait surtout chérir sa mémoire, c'est l'attachement aussi tendre que respectueux que je lui ai toujours vu pour V. M. Le voilà délivré des maux de la vie, et, comme disait Fontenelle, de la difficulté d'être. Mon tour viendra, je crois, bientôt, car je m'affaiblis sensiblement; et sans courir absolument la poste vers l'autre monde, j'en gagne tout doucement le chemin. M. de Mairan,a mon double confrère, à l'Académie française et à celle des sciences, vient de mourir à quatre-vingt-treize ans; je serais bien fâché d'aller jusque-là, car je n'ai pas lieu d'espérer une vieillesse aussi saine et aussi douce que lui. Pour Voltaire, il se traîne et il écrit toujours; il est bien étonnant que sa tête puisse encore suffire à tant de travail. Mais ce qui m'intéresse infiniment davantage, c'est que V. M. puisse suffire encore longtemps à ses glorieux et utiles travaux. Les lettres surtout ont plus que jamais besoin d'elle et de la protection qu'elle leur accorde. Puissent-elles, Sire, la conserver encore longtemps! Ce sont les vœux que je ne cesserai de faire jusqu'aux derniers moments de ma vie; et ces vœux sont l'expression des sentiments de reconnaissance, d'admiration et de profond respect avec lesquels je serai toujours, etc.

101. A D'ALEMBERT.

7 mai 1771.

C'est dommage que le duc de Nivernois prive le public de ses productions. Il n'y a point de plus grand encouragement pour les sciences que lorsque les grands seigneurs les cultivent eux-mêmes


a Voyez t. XI, p. 57; t. XVII, p. 32; et t. XIX, p. 20.