<461>être volontiers, persuadé qu'il aura la guerre avec l'Angleterre. Le prince de Mecklenbourg s'est également adressé à moi pour des droits qu'il a sur la principauté de Leuchtenberg. De plus, on a toute espérance de faire revirer l'Électeur palatin, ou du moins de faire crier le prince de Deux-Ponts. Mais ce qui m'embarrasse beaucoup, c'est que le prince Gagarin étant arrivé, voilà M. Cocceji qui, par je ne sais quel travers, s'avise de faire le malade, et ne veut point aller à Pétersbourg. Vous voyez, mon cher frère, combien cela me vient mal à propos dans un moment où je suis surchargé de soins et d'une multitude d'affaires. Pour me tirer d'affaire tant bien que mal, j'ai jeté la vue sur Podewils qui a été dans les gendarmes, et qui est un bon garçon. Si je devais mourir, je ne saurais quelqu'un sous ma main dans ce moment pour l'envoyer là-bas. Je l'endoctrinerai de mon mieux, et je vous l'enverrai, mon cher frère, vous priant de lui faire sa leçon, en quoi vous réussirez mieux que moi. Gagarin ma apporté des lettres de chancellerie de l'Impératrice, mais aucune de main propre, quoique autrefois elle eût coutume de m'écrire elle-même. Moi qui n'entends rien aux cérémonies, je ne sais s'il faut y chercher finesse ou non. Jamais tant de testaments, de conventions, de traités, de constitutions de l'Empire ne m'ont passé par les mains comme maintenant. Je crains de devenir un petit Cujas, un Pufendorf, un animal empesé de la rouille de Ratisbonne. Mais il faut être, dans ce monde, caméléon et réfléchir les couleurs des conjonctures. Du reste, je suis dans la plus grande tranquillité pour l'avenir, résolu de faire mon devoir, soit comme scribe, soit comme militaire, et abandonnant l'avenir aux vagues destinées. Je vous embrasse, etc.