191. A LA MÊME.

Potsdam, 5 octobre 1747.



Ma très-chère sœur,

Je souhaite que vous vous divertissiez bien à la maison de chasse où vous êtes à présent; mais je tremble que l'arrière-saison n'y dérange votre santé précieuse. Nous avons ici depuis quelques jours des pluies et des brouillards qui nous pronostiquent la chute prochaine des feuilles. J'aimerais mieux que Folichon1_187-a vous amusât au coin de votre cheminée qu'à courir les lapins; car dans le fond vous m'avouerez, ma chère sœur, que vous n'aimez cette chasse que par complaisance pour votre chien. Nous avons eu ici une désertion épouvantable dans nos ballets : Lani, Noverre,1_187-b Josset, sont allés au diable. Je vais faire maison neuve; c'est toujours à recommencer avec cette ca....... Mes frères sont tous trois ici; je les amuse tantôt avec la chasse aux alouettes, aux canards sauvages, au renard, ou avec la promenade et avec les fruits de mon jardin. Je me recommande à l'honneur de votre précieux souvenir, vous priant de me croire avec<188> les sentiments les plus vrais d'estime et de tendresse, ma très-chère sœur, etc.


1_187-a Chien favori de la Margrave, qui aimait beaucoup ces animaux, comme la Reine sa mère et comme Frédéric lui-même. Voyez les Mémoires, t. I, p. 91, et t. II, p. 243.

1_187-b Voyez t. XXVI, p. 371.