<178>Pour le Lorrain étaient tous bien portés.
Ceux-là portaient, dessous leur auréole,
Cocarde verte, affiche du parti;
Des rubans verts chamarraient leur étole.
Le monde au ciel était bien perverti.
Au bon vieux temps, chacun, suivant la règle,
Dévotement chantait alleluia;
On eût fessé quiconque eût fait l'espiègle,
Ou de chanter un moment s'ennuya;
C'était alors une vraie monarchie.
En vieillissant, le bon Père éternel
Laissait aller la police du ciel;
Il s'en fit lors une hiérarchie.
Le paradis était comme une cour,
Il y régnait l'intrigue et la cabale;
Aux chastes sœurs les saints faisaient l'amour,
Tout présentait des objets de scandale.
On y voyait la discorde infernale;
C'était alors un dangereux séjour.
Dans le déclin de l'éternel vieux père,
On se sauvait par compère et commère;
L'un, en léguant son bien par testament
A des frapparts d'un très-riche couvent,
L'autre, en payant, escamotait son âme
Aux durs tourments de l'éternelle flamme.
Chacun avait étudié comment
Tromper du ciel la fureur vengeresse,
Malgré l'horreur de sa scélératesse.
Lorsque la Mort, s'approchant à tâtons,
Par le collet saisit le misérable,
En se vouant soudain à son patron,
Et se signant, on déroute le diable.
On fait des vœux aux saints de grand renom,
On se confesse à quelque jésuite,
Et l'on reçoit, avec de l'eau bénite,
Un passe-port signé pour le Cocyte,
Avec la messe et l'extrême-onction.