<177>Les font griller par d'éternels tourments,
De tous les sots forment une cohorte,
Gens bien choisis, tous élus, tous chéris,
Et pour lesquels saint Pierre ouvre la porte,
Et les admet au benoît paradis.
Amis, comment souffrir de tels affronts?
C'est au bon sens faire lourde avanie
Que de damner la bonne compagnie;
De ces fous-là, qui jugent sans raison,
Les gens d'esprit enfin se vengeront.
Mon cher lecteur, si hardiment je grimpe
Jusqu'au sommet de l'éclatant Olympe,
Ne pense point que ce soit les vrais cieux
Dont j'ose ici te faire la peinture;
Plus librement je puis parler de ceux
Qu'ont fabriqués l'erreur et l'imposture,
Et l'intérêt de quelques songe-creux;
Bref, en un mot, je ne parle que d'eux.
Le bruit que fait la gente furibonde
Qui rampe ici sur la face du monde,
Ses démêlés, ses débats, ses excès,
Ses intérêts, ses guerres, ses procès,
Tout ce qu'on fait d'heureux ou de funeste,
Tout fut prévu, réglé par les arrêts
Qu'en prononça toute la cour céleste.
Or, écoutez : ces peuples d'ennemis
Qui se battaient comme des Amadis
Dans un recoin de notre petit globe,
Qui de l'Olympe aux regards se dérobe,
Fixaient sur eux les saints du paradis.
On n'y parlait presque plus d'autre chose;
Et chaque saint ayant pris fait et cause,
Les uns disaient : Sommes Autrichiens;
D'autres ligués : Nous sommes Prussiens.
Ce que de saints avait produit la France
Étaient de droit zélés pour l'alliance;
Mais tous les saints à Vienne, à Brünn fêtés