<24>On ne la vit jamais plus brillante et plus vive,
Plus prompte à publier à l'Europe attentive
De rapides progrès.
Quel est ce nom chéri que profère sa bouche,
Qui l'occupe tout seul, qui ravit et qui touche
Mes sens par ses attraits?

Sans interruption l'indiscrète révèle
Sa vertu, ses exploits, sa valeur immortelle,
Si dignes de son rang;
Ce héros, dont l'esprit unit dès sa jeunesse
Le solide au brillant, l'ardeur à la sagesse,
Est de mon propre sang.

Regardez-le, ma sœur, l'amour vous y convie;
Dans vos flancs vertueux ce héros prit la vie
Et ses rares talents;
Votre belle âme en lui retraça son image,
De son auguste père il a tout le courage
Et les grands sentiments.

Dans ses plus beaux succès, toujours doux et modeste.
Lorsque son bras vainqueur, au Français trop funeste,a
Remplit leur camp de deuil,
Dans le cours triomphant d'une heureuse fortune,
Toujours sans s'éblouir son âme peu commune
A repoussé l'orgueil.
Ces victimes de Mars près du Rhin moissonnées,
Passant les sombres bords, aux ombres étonnées
Ont publié son nom;
Le dépit des héros troubla tout l'Élysée;
Mais votre ombre en courroux parut la plus lésée,
O Henri le Lion!


a Allusion au combat de Gohfeld, 1er août 1759. Voyez t. V, p. 8.