<99>la place et la citadelle en même temps. Peut-être que cette entreprise parut trop incertaine, et que le Prince héréditaire eut des raisons de lui préférer la manière ordinaire d'attaquer les places. Il fit passer le Rhin à une partie de ses troupes, s'empara de la ville de Clèves, où il fit six cents prisonniers, d'où il se rendit à Ruremonde, qui fut prise sans faire de résistance; après quoi il retourna à Bürich, où il se retrancha entre cette ville et le Rhin, en établissant ses ponts de communication sur cette rivière, au-dessus et au-dessous de Wésel. La tranchée devant cette place fut ouverte le 11.

D'un autre côté, le maréchal de Broglie ne demeura pas dans l'inaction. Il devina, par la route qu'avait prise le Prince héréditaire, quelle pouvait être la nature de l'expédition qu'il allait tenter, et il envoya incessamment au Bas-Rhin M. de Castries, à la tête d'un corps de vingt mille hommes. Ce général traversa la Wettéravie, et fit tant de diligence, qu'il arrixa le 14 du mois à Nuys; il s'y fit joindre par dix mille hommes, qu'il tira tant du pays de Cologne que des garnisons des Pays-Bas. Après leur arrivée, il s'avança à Rheinberg, et prit une position derrière le fossé Eugène, canal qui va de cet endroit à Gueldre, d'où il poussa sa gauche à Kloster-Kamp. Le Prince héréditaire, mal informé de la force des ennemis, ne croyant point avoir affaire à si forte partie, jugea qu'il lui convenait d'aller à la rencontre des Français, à cause que, s'il battait ce secours, Wésel tombait de lui-même, et que, s'il laissait à M. de Castries le temps d'augmenter son corps, il fallait se résoudre à lever le siége de cette place sans combattre. Dans cette vue, ce prince s'approcha de Rheinberg, et, la nuit du 15 au 16, il marcha à l'ennemi pour attaquer sa gauche au delà de Kloster-Kamp. Le Prince ignorait que le corps de Fischer se trouvât posté devant l'armée française. Comme il fut obligé de le déposter, cette tiraillerie donna l'alarme au corps de M. de Castries, et le combat s'engagea tout de suite; il fut opiniâtre, et dura depuis cinq heures du matin jusqu'à neuf heures avant midi. Les alliés poussèrent une ligne des ennemis; mais le nombre l'emporta. Les Français, faisant avancer sans cesse de nouvelles troupes, qui n'avaient point encore combattu, débordèrent les assaillants sur leurs deux ailes. Les alliés ne