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18. AU CONSEILLER PRIVÉ D'ÉTAT BARON DE MARDE-FELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Berlin, 25 juin 1740.

Votre relation du 7 de ce mois m'a été rendue, aussi bien que le post-scriptum de même date.

Les assurances que vous me donnez de la bonne volonté du duc de Courlande et du comte d'Ostermann, pour rentrer avec moi en des liaisons plus étroites, me sont bien agréables. Je vous ai déjà instruit de mes intentions là-dessus. Si celles de ces messieurs sont sincères, ils peuvent être persuadés que les miennes ne le sont pas moins, et qu'ilstrouveront de ma part toute la facilité imaginable.

Mais comme c'est la cour de Russie qui, dans les affaires de la Pologne et sur d'autres articles, s'est écartée des engagements on elle était entrée avec le feu Roi mon père, et qui a donné par là occasion au refroidissement de l'amitié, il est naturel que ce soit elle aussi qui fasse les premières ouvertures pour le rétablissement de la bonne harmonie et le renouvellement de l'ancienne alliance.

C'est ce que vous pourrez insinuer dans l'occasion aux ministres susmentionnés, sans faire paraître pourtant que je vous en aie chargé.

En attendant, vous continuerez de m'informer exactement de tout ce qui se passe, tant par rapport à l'intérieur de la Russie, qu'à l'égard de ses différends avec la Suède.

Federic.

A. B. Borcke. H. v. Podewils. Thulemeier.

Nach dem Concept.


19. AU CONSEILLER PRIVÉ DES FINANCES DE BORCKE A VIENNE.

Berlin, 28 juin 1740.

L'envoi de troupes impériales dans l'île de Corse cache sans doute quelque mystère, et peut-être l'exécution prochaine d'un dessein dont les cours de Vienne et de Versailles sont convenues ensemble.

On débite qu'on veut donner la Corse au grand-duc de Toscane avec le titre de roi, et qu'en échange l'Empereur assurera à l'infant Don Philippe la succession aux duchés de Parme et de Plaisance.

Cet arrangement paraît à la vérité assez problématique, mais quoi qu'il en soit, les Génois pourront toujours compterque la Corse leur sera enlevée, et que la France et l'Espagne en disposeront à leur gré sous l'approbation de l'Empereur, qui selon toute apparence y consentira d'autant plus volontiers qu'il n'est guère en état de s'y pouvoir opposer.

P.S.

Ce qui se passe présentement entre la cour impériale et l'électeur de Bavière, selon le contenu de votre post-scriptum 2 du 18 du courant,