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Comment prétend-on donc avoir les mains libres à Vienne, après un pareil engagement, pour faire quelque chose pour moi dans cette affaire, l'Électeur palatin venant à mourir? A moins qu'on ne veuille, par une double perfidie, manquer au traité fait avec la France, comme on a manqué à celui qu'on a conclu avec feu le Roi mon père sur cette matière.

C'est ici que je pourrais m'écrier à mon tour: où est la bonne foi? où est la sûreté qu'on me promet? où sont les convenances qu'on veut me faire? Pourra-t-on, après cela, trouver à redire que je refuse d'entrer en négociation avec une cour qui veut m'en imposer d'une manière qui n'est pas permise, à moins que je ne prenne préalablement des sûretés et des garanties réelles, tant pour ce qui m'est dû sur mes droits que pour ce qu'on me promet pour les conditions que j'offre.

Je fais juges toutes les puissances désintéressées si on peut blâmer ma conduite dans ces circonstances, et les justes précautions que la prudence exige de prendre.

Mais que puis-je attendre sur l'un et l'autre aprèsun refus si formel qu'on ne peut ni ne veut du grand jamais céder une pouce de terre des États de la maison d'Autriche? A quoi aboutirait une négociation avec de pareils principes, si je voulais me déssaisir des avantages que j'ai en mains?

Quand on allègue la Sanction Pragmatique et la défense qu'elle contient de ne rien aliéner, c'est une pure défaite et un dessein marqué de ne vouloir jamais me rendre justice sur mes droits ni faire mes convenances pour ce que je dois et ce que j'offre de faire pour la maison d'Autriche.

On sait que la nécessité n'a jamais de loi, et, si la Sanction Pragmatique a permis à feu l'Empereur de céder et d'aliéner des royaumes entiers, comme les Deux-Siciles et une partie du Milanais, et à la reine de Hongrie d'aujourd'hui d'offrir le marquisat de Burgau à la maison de Bavière, ainsique tout le monde le sait, cette convention de famille, dis-je, ne doit ni ne peut jamais empêcher cette princesse d'entrer avec moi en négociation et accommodement pour une partie de la Silésie, pour me satisfaire de mes droits et me payer des services que je suis prêt de rendre, d'autant plus que les derniers, étant bien évalués, valent infiniment davantage que ce que je demande.

Si après toutes ces réflexions, que vous devez faire valoir autant qu'il vous sera permis et humainement possible, on refuse encore opiniâtrement d'entrer en négociation avec moi, et qu'on continue de dire qu'on voudraplutôt sacrifier tout et à la France et à la Bavière et à la Saxe, que de me céder un pouce de terre en Silésie, en me menaçant au reste de me tomber sur le corps avec toutes les puissances qu'on pourra révolter contre moi: il faut que je prenne mon parti, et que j attende de la providence et de la. justice de ma cause les ressources qui pourraient se présenter ailleurs, pour tâcher de me tirerd'affaire le mieux et le plus honorablement que je pourrais. Car comme le duc