46. AU MAJOR GÉNÉRAL COMTE DE TRUCHSESS A HANOVRE.

Ruppin, 8 août 1740.

Monsieur de Truchsess. Je viens de recevoir vos relations du 3 et 4 de ce mois, aussi bien que votre pro-rnemoria du 29 juillet, et les deux réponses que milord Harrington et le ministère d'Hanovre ont trouvé à propos d'y faire. Mais je m'aperçois que nous ne sommes guère plus avancés qu'auparavant, ces déclarations ne contenant que des assurances générales et peu positives, sur lesquelles on ne pourrait faire aucun fond. Je vous ordonne donc de les presser plus vivement à s'ouvrir avec cordialité à quelles conditions ils voudraient faire parti avec moi. Faites-leur comprendre que, ma situation étant telle que je n'ai pas eu besoin de rechercher leur alliance, ils avaient voulu faire le premier pas pour tenter à me détacher de la France, dont je n'ai pas lieu de me plaindre: que pour venir à cette fin, il serait absolument nécessairede me montrer plus de confiance et de sincérité, en me découvrant les intérêts réels qu'ils voudraient me procurer par cette alliance, dans l'affaire de Juliers et de Bergue, et comment on m'en garantirait la possession prochaine contre les malintentionnés; que sans ces sortes de démonstrations solides d'une bonnevolonté, je ne saurais être porté à de nouveaux engagements; que mon départ pour le pays de Clèves <32>étant fort proche, leur lenteur à me gagner m'avait déterminé à préférer la Toute de Baireuth àcelle d'Hanovre, ayant cru que celle-ci leur paraissait un peu indifférente; mais qu'à mon retour, je pourrais changer de route, si l'on voudrait me convaincre de la sincérité des sentiments de leur cour. Vous y ajouterez qu'en cas que le roi d'Angleterre fasse son retour pendant mon séjour de Clèves, la ville de Wésel ne semble pas trop éloignée pour y avoir une entrevue. Au reste, vous pouvez aussi insinuer au ministère que l'alliance faite avec Hesse-Cassel n'a de quoi me causer aucunombrage par rapport à mes intérêts, me fiant à l'amitié du Roi leur maître. Cependant vous aurez l'œil sur toutes leurs démarches, et sur ce qui s'y passe à mon égard. Je verrai par les succès de vos efforts ce que j'aurais à attendre, et je suis etc.

Federic.

Insistez surtout sur ces points, et dites que j'aurais fait le voyage d'Hanovre, si l'on m'avait répondu positivement; mais, puisque l'on biaisait, que je ne pouvais pas non plus passer par chez eux. Mais qu'en cas que le Roi voulût se déclarer, je pourrais le voir à Wésel, lorsqu'il retournera en Angleterre, ou que jepourrais passer par chez lui, s'il reste en Allemagne jusqu'à mon retour. Plus de voyages d'Herford, je vous prie.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.