49. AUX MINISTRES DU ROI A BRUXELLES, A LA HAYE, A PARIS ET A VIENNE.

Berlin, 12 août 1740.

Les peuples de ma libre baronie de Herstal, n'ayant pour la plus grande partie abusé jusqu'ici que trop de la patience qu'on a eue déjà du temps de feu le Roi mon père avec eux et leur esprit de révolte, l'ont poussé si loin qu'ils ont non seulement commis plusieurs attentats énormes contre l'autorité légitime de leur seigneur et maître, mais maltraité aussi mes officiers de justice, emprisonné sans aucun sujet légitime des officiers etsoldats de mes troupes, méprisé mes ordonnances, refusé de payer ce qu'ils ont toujours donné librement autrefois et qu'ils doivent contribuer à leur seigneur légitime, renversé l'ordre et la police, et enfin arboré dans toutes les formes, depuis plus de deux ans, l'étendard de la rebellion.

Il n'y apoint de voie de douceur qu'on n'ait tentée pour les ramener à leur devoir, mais la clémence dont on s'est servi envers eux jusqu'ici n'a fait que les enhardir et fortifier davantage dans leur détestable conduite, jusqu'à me refuser tout net toute sorte d'obéissance et de me prêter, comme cela s'est pratiqué toujours du tempsde mes prédécesseurs dans la possession de cette baronie, le serment de fidélité qu'ils me doivent. Comme tant de forfaits ne sauraient rester plus longtemps impunis, je me vois obligé, quoiqu'à mon grand regret, d'employer enfin la force, et de faire marcher un nombre suffisant d'infanterie et de cavalerie demes troupes, pour mettre à la raison ce peuple rebelle, et faire repentir les mutins de leur insolence, en protégeant ceux d'entre mes fidèles sujets de la susdite baronie qui ont été exposés jusqu'ici à la fureur de leurs indignes concitoyens, parce qu'on n'a pu les détacher <34>de leur devoir. Vous ne manquerez pas d'exposer, là où vous êtes, les motifs qui m'ont obligé d'en agir de la sorte, en ajoutant que je ne prétends point faire du tort en cela aux droits que l'évêque et prince de Liège prétend avoir sur Herstal, et que je suis toujours prêt, comme j'ai déjà offert tant de fois, de m'entendre et dem'accommoder là-dessus avec lui d'une manière convenable, soit par des conférences entre nos ministres et députés de part et d'autre, soit par la voie de la médiation ou de l'arbitrage, par l'entremise d'autres puissances non interessées, à mon choix et à celui du susdit évêque et prince de Liège. Je suis encore plus éloigné de faire à cette occasion la moindre démarche qui puisse donner de l'ombrage du des justes sujets de plainte à Sa Majesté Impériale et Catholique, la partie de Herstal quia relevé d'elle, étant restée jusqu'ici, pour la plus grande partie, dans l'obéissance qu'elle me doit, n'ayant point pris de part aux crimes de leurs concitoyens, ainsi que le châtiment que ces derniers ont justement mérité, ne les touchera point. De sorte que je me flatte que tout le monde raisonnable, et surtout la cour de Vienne, ne saurait qu'approuver entièrement ce qu'une nécessité absolue m'a obligé de faire en ceci, quoique bien malgrémoi.

34-1 Au reste, j'ai ordonné34-2 au sieur de Kreytzen, mon colonel d'infanterie et drossard de Herstal, qu'en cas que les troupes que j'envoie devraient se trouver obligées de passer par les États de la République,34-3 de vous faire tenir incessamment les lettres réquisitoriales dont il est muni de ma part, pour avoir un libre passage, et, dès que vous les aurez reçues, les remettre là où elles appartiennent, en exposant en même temps le cas et sescirconstances, telles que je viens de vous les détailler, et comme elles vous sont d'ailleurs connues du reste.

J'ai jugé à propos de vous informer de tout ceci, pour que vous soyez en état de pouvoir, le cas existant, et quand on vous en parlera, ou que vous en serez informé par mon colonel de Kreytzen, désabuser ceux qui pourraient être prévenus contre la justice de ma cause et la droiture de mes sentiments dans cette affaire-là. Mais comme j'ai des raisons pour tenir encore secret ce que j'ai résolu de faire là-dedans, vous n'en parlerez à personne, avant que vous n'appreniez que mes troupes se soient actuellement mises en marche pour cette expédition. Vous ne manquerez pas d'exécuter mes ordres en tout ceci, et de me mander ensuite l'effet que vos insinuations auront produit là où vous êtes.34-4

Federic.

H. de Podewils.

Nach dem Concept.

<35>

34-1 In den nach Paris und nach Wien abgehenden Erlassen blieb der folgende Absatz fort.

34-2 Unter dem 13. August.

34-3 Dafür in dem Erlass an Borckenfeld in Brüssel: les États de l'Empereur.

34-4 Der König änderte in der Folge seinen Entschluss und liess seine Truppen nicht in die Herrschaft Herstall, sondern in die zum Gebiet des Bischofs von Lüttich gehörige Grafschaft Hoorn einrücken. Vergl. unten S. 39 ff.