202. INSTRUCTION POUR LE COLONEL ET AIDE-DE-CAMP-GÉNÉRAL DU ROI COMTE DE FINCKENSTEIN, ALLANT A LA COUR DE DRESDE EN QUALITÉ DE MINISTRE PLÉNIPOTEN-TIAIRE.

Berlin, 13 décembre 1740.141-1

Article 1er : „Dès qu'il sera arrivé à Dresde, il fera demander par le comte de Brühl une audience au Roi, pour lequel il trouve la ci-jointe lettre de créance, qu'il présentera à ce prince, en l'accompagnant de toutes les protestations imaginables de ma parfaite considération et estime pour lui, et en l'assurant de l'envie extrême que j'ai de cultiver son amitié, et d'entrer même dans une union étroite avec Sa Majesté Polonaise dans les conjonctures présentes, pour l'avancement de nos intérêts réciproques et pour concerter ensemble les convenances que nous pourrions nous faire de part et d'autre, en agissant d'un accord parfait ensemble; que mes intentions sont droites et sincères, et que je ne doute nullement que celles du roi de Pologne n'y répondent de même. Mais, comme ce prince aurait sans doute appris déjà, par son ministre à ma cour, le sieur de Bülow, de quelle façon je me suis confidemment ouvert et expliqué envers lui, j'attends de l'amitié de Sa Majesté Polonaise qu'elle veuille bien à son tour s'ouvrir envers moi, sur ce qu'elle est intentionnée de faire, et sur le parti qu'elle croit devoir prendre dans la situation présente des affaires, surtout par rapport à l'entrée de mes troupes en Silésie, Si c'est celui d'un commun concert pour agir ensemble selon nos intérêts et nos convenances, ou pour rester <142>neutre et ne s'en mêler du tout ni pour ni contre; que l'occasion est favorable et qu'elle ne reviendrait pas si tôt; que mon intention n'est point d'opprimer la maison d'Autriche, mais seulement de me faire rendre justice sur mes justes prétentions, et que, si le roi de Pologne en avait de son côté, je serais charmé de lui aider à les faire valoir et à nous accommoder ensuite de concert ensemble avec la maison d'Autriche, pour prendre en sa faveur telles mesures que l'exigence du cas et les conjonctures d'alors le demanderaient. Mais que le temps presse, et que je serais bien aise d'être instruit sans délai là-dessus des véritables sentiments de Sa Majesté Polonaise.“

Article 2: „Le comte de Finckenstein s'expliquera de la même façon envers le comte de Brühl, et le pressera tant qu'il est possible sur une réponse positive .... Que je connais les bons sentiments du comte de Brühl pour une étroite union entre nos deux États, que ce serait un ouvrage digne d'un ministre comme lui, qui s'est attiré l'approbation et l'estime de toutes les puissances, qu'il peut compter sur la mienne et sur la reconnaissance parfaite que je lui marquerai pour les services qu'il rendrait là-dedans à moi non seulement, mais à son propre maître en même temps.“

Article 3: „Il faut tâcher de pénétrer, autant qu'il est possible, si la cour de Dresde est déjà gagnée par celle de Vienne, si elle penche de ce côté, ou si elle a encore les mains entièrement libres.“

Article 4: „Le père Guarini, confesseur du roi et de la reine de Pologne, est tout-puissant à cette cour, comme le comte de Finckenstein l'apprendra par mon résident Ammon, fort au fait des intrigues de la cour de Dresde. S'il était possible de mettre cet homme-là dans mes intérêts, soit par des présents ou par des cajoleries et des promesses de favoriser en tout la religion catholique sur le pied qu'elle est établie en Silésie, le comte de Finckenstein n'épargnera ni soin ni peine pour le gagner et pour me le rendre favorable.“

Article 8:142-1 „Le comte de Finckenstein doit tâcher d'approfondir, autant qu'il est humainement possible, quelles sont les véritables vues de la cour de Dresde, si l'ambition de la reine de Pologne, comme on le prétend, vise au trône impérial pour le Roi son époux, ou si l'on veut seulement faire peur par cette concurrence à la cour de Vienne, pour escamoter quelque morceau soit de la Bohême ou de la Silésie.“

Article 9: „Il est vrai que le roi de Pologne a envoyé le comte de Poniatowski avec un certain conseiller privé de guerre, Fritsch, homme fort intrigant et fort entendu, à Paris et que l'on prétend qu'ils sont chargés l'un et l'autre d'une négociation secrète pour attirer la France dans les intérêts de la Saxe, en la flattant d'une abdication du roi de Pologne de son royaume en faveur du roi Stanislas, moyennant quoi <143>la France tâcherait de lui procurer par ses amis en Allemagne la couronne impériale. Mais ce plan paraît trop chimérique et d'une trop difficile exécution, surtout du côté de la Pologne, où la Russie ne souffrirait jamais le retour de Stanislas. Cependant, si le comte de Finckenstein devrait remarquer par les discours du comte de Brühl que telle est véritablement l'intention du Roi son maître, il ne lui doit pas tout-à-fois ôter l'espérance de mon consentement et de mon assistance, pour entretenir la bonne volonté de ces gens-là, et les faire entrer dans nos vues, quoique la chose en elle-même ne m'accommode nullement; mais elle rencontrerait toujours tant de difficultés qu'elle tomberait bientôt d'elle-même.“

Federic.

H. de Podewils.

Auszug aus dem Concept.



141-1 Das Rundschreiben an die deutschen Stände von diesem Tage siehe Preussische Staatsschriften I, 64.

142-1 Article 6 erörtert das Verhältniss des Königs zu der pragmatischen Sanction in dem Sinne des Article 6 der Instruction für Truchsess oben Nr. 201.