217. AU CONSEILLER DE LÉGATION D'AMMON A DRESDE.

Milkau, 21 décembre 1740.

Votre dépêche du 17 de ce mois m'a été rendue, et j'y ferai répondre plus amplement. En attendant, il me semble qu'il y a dans vos récits une espèce de contradiction. D'un côté, vous soutenez que <153>l'intention du roi de Pologne est de se joindre avec moi, pour participer à la succession de la maison d'Autriche, en tombant sur la Bohême. De l'autre côté, ce que vous me marquez du départ du comte Poniatowski pour la France, où il travaillera à une alliance, lequel voyage selon vos précédentes relations avait été rompu, me fait connaître qu'on ne saurait se fier aux sincérations de cette cour; et, si l'on réfléchit sur la reconnaissance de la reine de Hongrie et la déclaration effective de vouloir maintenir la Sanction Pragmatique, il résulte de tout cela qu'on peut supposer avec fondement que les prétendus sentiments favorables pour mes intérêts, dont la cour de Pologne vous a voulu éblouir, sont forts sujets à caution. Ce que vous aurez donc à faire, c'est de travailler à pénétrer les véritables vues du Roi et le plan de ses desseins, et de m'en informer avec fondement, sans donner aucunement dans le panneau. C'est pourquoi il faudra y apporter beaucoup de prévoyance et de jugement, avant que d'assurer une chose dont il m'importe de savoir au juste la réalité. Je suis etc.

Federic.

Ne vous trompez point, Brühl vous dupe. Incrédule, incrédule, que ce soit votre devise.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.