376. AN DEN ETATSMINISTER VON PODEWILS IN BRESLAU.

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Podewils berichtet, Breslau 22. Mai: „Le courrier d'hier m'a fidèlement remis ce que Votre Majesté a bien voulu daigner m'écrire de Sa propre main, du 21 de ce mois, au sujet de la préférence qu'Elle donne au parti à prendre avec la France, dans les conjonctures présentes, sur celui avec l'Angleterre.

Je souscris avec un profond respect aux sentiments de Votre Majesté sur le peu de bonne foi que la cour de Vienne a fait voir jusqu'ici dans la négociation d'un accommodement.

 

Je crois de même comme Votre Majesté que la réponse que nous attendons, avec le courrier de milord Hyndford, de Vienne ne sera pas satisfaisante. Mais je me suis imaginé toujours que Votre Majesté, pour n'avoir point à se reprocher d'avoir rejeté un accommodement et prolongé une guerre dont l'issue nous pourra devenir funeste, aurait bien voulu:

Ce courrier sera semblable à celui de Saxe en Russie, qui resta trois mois en chemin; conte borgne.

1° Attendre le peu de jours qu'il faudra encore pour savoir la réponse de la cour de Vienne.

1° Pour faire plaisir à M. Podewils.

2° S'expliquer sur Son dernier ultimatum, que les cours de Londres et de Pétersbourg Lui demandent avec tant d'instance, faute de quoi on s'imagine que

2° C'est au vaincu à parler, le vainqueur accorde.

Votre Majesté ne veut point d'accommodement sincèrement.

 

3° Lier les mains au roi d'Angleterre, par la convention dont j'ai remis par ordre de Votre Majesté le projet à Schwicheldt, de ne rien entreprendre en faveur de la maison d'Autriche pendant tout le temps que la négociation durera, puisqu'on a ordonné à Plotho d'insister là-dessus comme sur une condition sine qua non; et si l'on obtenait, ni la Russie ni la Saxe n'oseraient grouiller sans la concurrence de l'Angleterre.

Je me suis méfié toujours de la cour de Londres, après la harangue au parlement, et si Votre Majesté avait jeté les yeux sur les dernières instructions qu'on a données à Truchsess, Elle aurait vu avec combien de force et de vivacité on s'est expliqué là-dessus. Je crois de même que ce n'est pas pour l'amour de nos beaux yeux que l'on voudra procurer à Hanovre un accommodement raisonnable. Mais ce qui m'a fait juger jusqu'ici qu'on y était obligé de le faire, sont

3° On vous joue en petit garçon, vous croyez ce que vous souhaitez, mais vous n'examinez pas ce qui est vrai, et vous voulez vous persuader qu'une maîtresse putain vous est fidèle; moi je suis le témoin de sa coquetterie et je vois de mes yeux comme elle fabrique des cornes.

1° Les convenances que la maison d'Hanovre y trouve par rapport à ses intérêts domestiques, et auxquelles elle ne saurait jamais parvenir malgré Votre Majesté, quelque traité secret qu'elle pût avoir fait là-dessus avec la cour de Vienne.

1° On veut nous amuser, comme on a fait jusqu'à présent, pour nous empêcher de nous lier avec la France, et pour faire de nous ensuite tout ce que l'on voudra. Si nous avons des alliés, l'on nous respectera; si nous n'en avons point, chacun nous bafouera.

2° Que la cour de Vienne risque beaucoup pour ses États d'Allemagne en cas de la continuation d'une guerre.

2° Hanovre ne risque rien, si nous sommes ses alliés.

3° Que l'Angleterre craint de s'exposer à une guerre générale, qui sans le secours de Votre Majesté lui deviendrait extrêmement onéreuse.

3° L'Angleterre évite une guerre générale, si elle nous amuse; mais je pense que'lle croit la guerre générale inévitable, mais le Cäpten veut donner des lois.

4° Qu'on sait bien qu'en poussant Votre Majesté à bout, on La force de Se jeter entre les bras de la France, ce qui ne saurait jamais convenir aux intérêts du roi d'Angleterre, ni comme tel ni comme électeur d'Hanovre.

Pour ce qui est des inconvénients que j'ai prévus dans le parti de France, ils sont:

4° Lorsqu'on me poussera à bout, la France ne sera plus en état d'agir; ainsi, il faut prévenir leurs desseins et nous faire des alliés.

1° Qu'il nous lie absolument les mains d'en venir à un accommodement, puisqu'ayant fait le traité que la France nous a proposé, Votre Majesté est obligée de passer par où elle voudra, sans pouvoir désormais S'accommoder sans le consentement de la France.

1° Notre parti est alors le plus fort et par conséquent le meilleur.

2° Que ce para nous plonge dans une guerre dont on ne verra point la fin dans bien des années, et dont les pertes et les risques sont toujours pour le plus faible, qui est Votre Majesté en comparaison de la France, et les profits et avantages pour la dernière, comme le plus fort.

2° Une guerre avec un fort parti ne saurait être longue, raisonnement faux s'il en fut jamais; à partie égale la guerre dure, mais non, lorsqu'on est supérieur.

3° Que ni la France ni la Bavière, ainsi que le maréchal de Belle-Isle nous l'a dit par rapport à la première, et Klinggræffen dans ses relations quant à la seconde, ne seront si tôt prêtes d'agir, de sorte que tout le fardeau de la guerre et toutes les forces des alliés de la maison d'Autriche tomberont, en attendant, sur Votre Majesté et pourront Lui porter des coups décisifs, avant que la France soit à portée de la secourir.

3° Bavière peut agir dans trois semaines avec les deniers français, et si Louis campe, on sera bien obligé d'assembler un corps tudesque vers les frontières; alors je serai débarrassé de toutes mes canailles d'ennemi.

4° Que la plus grande partie des États de Votre Majesté serviront probablement de nappe et à l'ami et à l'ennemi, et qu'Elle verra le théâtre de la guerre établi en Prusse, dans les provinces de Westphalie, et peut-être aussi dans le Magdebourg, tandis que la France, faisant la guerre aux dépens d'autrui, n'y risque rien, éloignée comme elle est de ses États, et nous, tout, ce qui s'appelle jouer à un jeu fort inégal.

4° Six semaines, mais nous gagnerons au centuple ce que nous perdons.

Si la France ne risque rien, ce'st un signe que son parti est le plus fort.

5° Ou la guerre ira bien, ou elle sera malheureuse. Au premier cas, la France en tirera le gros lot, et pour l'attraper, elle sera la première à nous forcer à un accommodement tel qu'il puisse être. Mais au second, nous y jouerons de tout notre reste, et quand nos provinces seront ruinées et notre trésor épuisé, la France nous regardera comme un allié qui lui devient à charge, et ne voudr a passe perdre elle-même pour l'amour de nous.

Je pourrais alléguer quantité d'autres motifs de cette force, qui devraient nous faire balancer de nous jeter entre les bras de la France. Mais comme je vois que le parti de Votre Majesté est tout pris, et qu'Elle a une aversion marquée et un éloignement extrême de Se lier avec l'Angleterre, il ne me reste que de demander

5° La France en tirera le premier lot, Bavière le second, et nous le troisième, pourquoi envier aux autres leurs avantages, s'ils ne nous envient les nôtres?

Agir sans allié, c'est se perdre, mais trouver un très fort parti qui vous secoure, c'est, ça me semble, se conserver.

Federic.

Ses ordres positifs si je dois entrer avec Valory en négociation, et en ce cas-là, j'enverrai incessamment le projet du traité avec la France à l'approbation de Votre Majesté.“

 

Nach der eigenhändigen Aufzeichnung am Rande des Berichts.