453. AU MARÉCHAL DE FRANCE COMTE DE BELLE-ISLE.

Camp de Strehlen, 6 août 1741.

Monsieur. J'ai reçu votre lettre avec toute la satisfaction possible; je suis ravi de voir les bonnes dispositions dans lesquelles se trouve le Roi votre maître. Je ferai de mon côté tout ce qui convient à un fidèle et bon allié; mes sentiments sont intarissables et invariables sur ce sujet, et dans cette occasion présente, et dans toutes celles qui pourront la suivre, le roi de France me trouvera toujours dans lesmêmes dispositions pour coopérer à tout ce qui lui peut être agréable. J'ai donné des ordres relatifs à ce que vous me demandez à mon ministre à la Diète, mais j'espère aussi que vous voudrez me communiquer vos desseins, comme c'est l'usage parmi les bons alliés. Vous aurez actu<297>ellement reçu, Monsieur, le chiffre que vous me demandez, et vous pouvez être persuadé que de mon côté je ne négligerai rien de ce que je croirai nécessaire à l'accomplissement de nos desseins. Pour vous mettre au fait de ma situation, vous saurez que l'on m'affuble de M. de Robinson, lequel j'amuserai jusqu'au moment que vous aurez passé le Rhin, après quoi je l'enverrai promener. J'ai cependant trouvé à proposde m'emparer de Breslau, comme m'étant de trop grande importance, du moment que je veux aller en avant. Je compte de passer la Neisse entre Brieg et la ville de Neisse, le 12 ou 15 du mois, et d'attaquer en suite l'ennemi, qui est sorti de son camp à cause des eaux, où je le trouverai, puis, de faire le siége de Neisse, ensuite de quoi je me tournerai vers Glatz. C'est-là, à peu près, le plan de l'opération que je me propose; je compte d'être le 10 maître de Breslau, et le reste comme je viens de vous marquer plus haut.

Ne serait-il pas bon de faire un cartel entre les deux armées pour lesdéserteurs, ce qui nous fera du bien infini aux uns et aux autres. Ne vous fiez pas à la Saxe, elle me donne de grands soupçons. Je crains qu'elle ne donne des secours à la reine de Bohême contre la Bavière. Il sera bon d'avoir l'œil bien attentif à ses démarches.

Aimez-moi toujours, mon cher Maréchal, et soyez sûr de l'estime entière et de la considération avec laquelle je suis à jamais etc.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.