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fierté du ministère britannique, qui ne manquerait pas d'attribuer un pareil empressement à des motifs pernicieux pour les intérêts de Votre Majesté et qui, dès lors, deviendrait moins traitable que jamais. Il voudrait donc que Votre Majesté voulût fournir quelque nouvel expédient à la France d'où elle puisse prendre prétexte de reprendre le fil de sa négociation sans affectation et avec espérance de succès. Il ne se présente aucun à son esprit dont il puisse se flatter qu'il convienne aux deux parties, et il croit d'ailleurs que personne ne saurait mieux réussir dans ce choix que Votre Majesté, non seulement par l'effet de Sa sagacité et de la supériorité de Ses lumières, mais aussi parcequ'Elle sait mieux qu'aucun autre comment et jusqu'à quel point Elle veut Se relâcher sur Ses droits. Il croit être sûr, au reste, que l'Angleterre ne se portera point à des extrémités et qu'elle n'a aucune envie d'enfreindre la paix et d'entreprendre une nouvelle guerre, qui — a-t-il ajouté — deviendrait bientôt générale en vertu des engagements qui subsistent entre le roi de Prusse et ses alliés. Il n'attribue même les ostentations que la Russie fait depuis quelque temps, à l'instigation de l'Angleterre, qu'à la peur qu'a le roi d'Angleterre que Votre Majesté ne tombe sur ses pays héréditaires en haine des différends qu'Elle a avec lui, et il conjecture que son but est uniquement de La contenir par là et non de L'attaquer.“

n'en connais point de nouveau. Vous vous souviendrez que j'ai offert de payer préalablement le reste de la dette de Silésie avec ses intérêts et de me contenter, si après l'on payait à mes sujets lésés, soit publiquement soit sous main, la somme de 80,000 écus, que j'avais réduit à ceci comme mon ultimatum.1 Vous n'ignorez pas qu'en après encore2 je m'étais offert de mettre en dépôt toute la somme de la dette de Silésie qui reste à ma charge, à la France, pour qu'elle en agisse, selon qu'elle le trouverait convenable et conformément à ma dignité. Si tous ces moyens, à ce que M. de Contest vient de vous assurer, ont été proposés à l'Angleterre, et qu'elle les a rejetés tous, sans avoir témoigné le moindre penchant, comme il dit, pour aucun, j'avoue que je me trouve épuisé pour pouvoir en fournir de nouveaux. Au surplus, je me tranquilliserai d'autant plus aisément en ne faisant plus de démarche envers l'Angleterre, si elle, à ce que M. de Contest paraît être assuré, ne se veut point porter à des extrémités et qu'elle n'a aucune envie de rompre la paix.

A cette occasion, je ne veux point vous cacher que je viens d'apprendre de fort bon lieu3 que, quand le sieur Guy Dickens à Moscou a reçu son courrier avec la réponse de sa cour sur le projet de la convention à faire que les ministres de Russie lui avaient donné, il a trouvé cette réponse, avec les sommes des subsides que l'Angleterre voudrait offrir, si peu satisfaisante aux ministres de Russie qu'il n'a pas osé d'en parler au chancelier Bestushew, et que, de concert avec le ministre autrichien Pretlack, il a pris sur soi d'attendre de nouvelles instructions de sa cour; anecdote que vous communiquerez confidemment à M. de Contest, en lui demandant le secret, avec qui vous vous entretiendrez



1 Vergl. S. 55. 56.

2 Vergl. S. 108.

3 Vergl. S. 185 Anm. 1.