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sur le contenu des dépêches de Votre Majesté des 17 et 20 du mois passé.1 Mais n'ayant pas voulu manquer de faire ma cour au Roi, qui a été indisposé pendant plusieurs jours d'une petite fièvre de fluxion, j'ai chargé le baron de Knyphausen de parler à M. de Saint-Contest à ma place. Ce ministre a été fort aise d'apprendre qu'on eût substitué un autre mot à la place de celui d'étrange2 qu'on avait employé dans le projet du mémoire que Votre Majesté Se propose de faire remettre à Londres par le sieur Michell, lorsqu'il fera usage de la réplique qui a été communiquée à la cour de France en dernier lieu. Il ne saurait se décider sur le temps qui sera le plus propre pour présenter ces deux pièces au ministère britannique, parceque ce choix dépend de certaines combinaisons que personne ne saurait faire avec autant de sûreté que ceux qui se trouvent sur les lieux et qui sont à portée par conséquent de juger des dispositions du ministère et de la nation et de profiter des changements qui y peuvent arriver d'un moment à l'autre. Il croit donc que Votre Majesté ne saurait mieux faire que de Se rapporter, à ce sujet, au jugement du sieur Michell, qui pourrait se concerter là-dessus avec le duc de Mirepoix et remettre ces deux pièces de la manière qu'ils croiront être la plus favorable à la cause et aux intérêts de Votre Majesté.

Quant à ce qui concerne l'opinion dans laquelle Elle Se trouve qu'il sera à propos de profiter à cette occasion pour renouer avec le ministère d'Angleterre la négociation qui est suspendue depuis quelque temps, M. de Saint-Contest n'est nullement porté pour cet avis, quoiqu'il soit résigné d'ailleurs à en agir comme Votre Majesté voudra. L'objection principale qu'il oppose à cette démarche, est que, tous les expédients que Votre Majesté a suggérés pour porter la France à accommoder ce différend, ayant été épuisés, et l'Angleterre les ayant rejetés tous, sans avoir témoigné le moindre penchant pour aucun,3 on s'attirerait infailliblement un refus en renouvelant les mêmes propositions et augmenterait la roideur et la

de Contest pense sur l'affaire de mes différends avec l'Angleterre, je veux bien revenir à son sentiment pour ne point faire de nouvelles démarches par rapport à quelque accommodement, jusqu'à ce que peut-être le ministère anglais fait remarquer plus de docilité à écarter cette pierre d'achoppement. Je suis d'autant plus déterminé de laisser aller ces affaires le train qu'elles voudront prendre et aussi bien que mal qu'elles peuvent, que mes lettres de Londres m'assurent que, quoique les ministres anglais seraient charmés de n'avoir plus ces différends sur les bras, et qu'une partie d'entre eux ne se soit livrée qu'avec répugnance aux arrangements des subsides à offrir à la Russie, malgré cela ils voudraient, dans les circonstances présentes peu favorables, ne point faire marcher d'un pas égal mes prétentions avec la levée de l'arrêt mis sur la dette de Silésie, mais exiger celle-ci pour préalable et prétendre qu'elle n'a rien de commun avec mes prétentions et que la légalité des tribunaux anglais n'en souffrait pas. Ce qui me confirme dans l'intention de laisser couler doucement cette affaire et prendre tel train qu'il pourra.

Quant au nouvel expédient que M. de Contest voudrait que je fournisse à la France pour reprendre le fil de la négociation sans affectation et avec espérance de succès, j'avoue qu'après tous ceux que j'ai suppédités dans mes dépêches antérieures que je vous ai faites, je



1 Nr. 6106 S. 156; Nr. 6110 S. 159.

2 Vergl. S. 157 Anm. 1.

3 Vergl. 181.