<237>cune liaison avec la Porte Ottomane et que le parti qu'elle se ferait en Pologne devait être censé toujours plutôt russe que saxon.

Au reste, j'ai appris de bon lieu que, dans une conférence que le sieur Gross a eue avec le chevalier Williams, avant le départ de celui-ci de Dresde, sur les affaires de Pologne et la confédération à former à la prochaine Diète, le sieur Gross a déclaré que, bien qu'il convînt de la nécessité d'un pareil arrangement, néanmoins l'Impératrice sa souveraine, sur un rapport que le Chancelier lui en avait fait, avait déclaré son étonnement sur ce que l'on mettait à tout bout de champ une élection au trône sur le tapis, tandis que le roi de Pologne jouissait de la meilleure santé et que le Prince Électoral était non seulement d'une constitution faible, mais avait encore à encourir le risque de la petite vérole, de sorte qu'après avoir tout fait pour lui, il se trouverait peut-être, à cause de l'état de sa santé, qu'on aurait travaillé en vain; qu'au reste, quelque efficace que serait le secours qu'elle donnerait en pareille occassion, elle ne voulait pas être chargée seule de tout, mais savoir à quoi on pourrait s'attendre des autres alliés.

Malgré tout cela, je viens d'être informé que le chancelier Bestushew ne laisse pas de presser la cour de Saxe sur un concert à prendre avec la cour de Vienne et de l'assurer qu'en attendant des démonstrations plus efficaces de la bonne volonté de la Russie, on avait pris la résolution de s'assurer des principaux Polonais par des pensions et des présents; que pour cet effet il avait fait assurer au Primat1 une pension annuelle de 7,000 roubles, au grand-chancelier Malachowski une de 3,000 roubles, au Vice-Chancelier2 un présent de martes zibelines et au chancelier de Lithuanie3 l'ordre de Russie; que ledit Chancelier avait marqué d'ailleurs au sieur Gross qu'il était nécessaire qu'il fît encore un rapport en conséquence pour presser là-dessus le ministère russe, ce qui ne pouvait se faire trop souvent, et dans lequel il appuierait principalement, en conséquence des insinuations que le comte de Brühl lui aurait faites, que la cour de Moscou fasse des représentations à celle de Vienne pour s'arranger sur cette affaire, ce que lui, Chancelier, ferait effectuer de la manière la plus efficace.

Au reste, il est constaté que la cour de Saxe sollicite avec une vivacité, comme elle n'a point fait encore, le concours de ses alliés pour former une confédération à la Diète de cette année, et qu'elle n'épargne rien de son côté pour intimider ceux qu'elle ne peut pas gagner des Polonais, et que, quand la Russie ne ferait pas autre chose que ce qu'elle fait, de donner des pensions, ce que peut-être l'Angleterre fera également, tout cela fortifiera le parti anti-républicain et affaiblira le nôtre, qui ne serait soutenu d'aucune façon par les cours qu'il devrait regarder comme le soutien de la patrie. J'ai informé Votre Majesté combien on a insisté auprès de M. de Broglie et de moi sur des déclarations qu'on soutiendrait leur liberté contre les attentats que la cour




1 Komorowski.

2 Wodzicki.

3 Graf Michael Sapieha.