<238> de Saxe, soutenue par ses alliés, voudrait lui porter, et que les assurances générales que nous avions données, n'étant pas autorisés d'en donner de positives de la part que la France et Votre Majesté prendraient toujours aux intérêts de la République, de rendre compte à nos cours, ont autrefois fait naître une confiance en nous et à eux-mêmes qu'on ne connaissait pas, mais que les plus considérables personnes du bon parti commencent à ne regarder les bonnes paroles dont nous les avons payés, avec quelques milliers de ducats qu'on a distribués à la Diète, que comme tendantes à les séduire pour rompre la Diète, de peur qu'il ne s'y fît quelquechose de contraire à nos intérêts; que, si donc on n'achève pas de donner à notre parti la consistance qui lui manque, et sans laquelle il n'y aura jamais que les semences d'un parti, mais qui deviendront plus rares, à mesure qu'on perdra le temps à les négliger, non seulement on perdra la confiance, mais on avancera peut-être des évènements qu'on éviterait en rendant à ce parti la considération qu'il doit avoir; car plus il sera obligé de travailler par des souterrains, plus il paraîtra faible à la cour de Saxe et plus celle-ci se fortifiera dans l'espérance de réussir par quelque coup de main, comme elle l'a tenté à la Diète de Grodno de l'année passée.

Il est très sûr que Votre Majesté et la France ne doivent pas négliger de faire autant de leur côté que les autres en font, qui est de rassembler les matériaux des principaux personnages pour en construire un parti qui puisse agir selon les desseins et les intérêts qu'il convient de soutenir. Toute la facilité de la réussite est du côté de la bonne cause, puisque nous ne voulons rien faire, mais seulement empêcher que rien ne se fasse contre la liberté de la Pologne.

Il y a longtemps que le comte Mniszech, à qui le ministre Brühl persuade ce qu'il veut, s'est mis en tête d'établir le crédit des Potocki à la cour sur la ruine de celui des Czartoryski, qu'il hait mortellement, et c'est sur ce ton-là que les lettres que le comte Brühl écrit aux palatins de Belcz et de Smolensko seront stylisées. Je ne doute, au reste, pas que les palatins de Belcz et de Smolensko n'aient dit là-dessus des merveilles au sieur Benoît, pour se faire valoir davantage. Tout ce que celui-ci insinue, comme si le comte Brühl trompait son maître en lui faisant accroire que ce soit en faveur de ses enfants qu'on travaille, tandis qu'il serait d'accord sur un tout autre sujet avec les cours de Londres et de Pétersbourg, est suffisamment désavoué par les démarches qui se font à ces cours pour le Prince Électoral, et plus encore par la persuasion dans laquelle doit être la cour de Russie qu'aucun prince ne lui convient mieux sur le trône de Pologne qu'un prince saxon; d'ailleurs, ses intentions pour tel sujet ou un autre sont très indifférentes; il s'agit de quoi avoir à opposer à l'exécution de toutes celles qui sont contraires aux intérêts de Votre Majesté, et c'est de quoi l'on sera sur par les arrangements qui sont à prendre.


Nach der Ausfertigung.