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6314. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 30 avril 1754.

J'ai reçu votre rapport du 19 de ce mois. Quoique je sois également du sentiment de M. de Contest que l'évènement de la mort du sieur Pelham et les changements qui en sont arrivés à la suite, n'influeront guère sur les affaires publiques, je sais néanmoins de bonne main que la cour de Vienne en pense bien différemment et qu'elle se flatte qu'elle pourra mener bien plus facilement l'Angleterre à ses vues que par le passé. Au reste, l'on continue de m'assurer qu'on n'est occupé là que des élections parlementaires, sans s'embarrasser d'aucune affaire de dehors du pays, et qu'au lieu de vouloir assembler le nouveau Parlement, comme on avait résolu, dans le mois de juin, on ne le fera convoquer que dans celui de novembre, les ministres ayant fait entendre au Roi que, parceque Sa Majesté restait en Angleterre, il serait inutile de faire venir les membres du nouveau Parlement en ville et de les assembler uniquement pour cet objet.

Comme j'apprends d'ailleurs que le général Wall, ambassadeur d'Espagne à Londres, avait reçu un courrier, pour se rendre sans perte de temps à Madrid, afin d'y remplacer le défunt Carvajal comme ministre des affaires étrangères, je serais bien aise que vous me fassiez, par une de vos dépêches immédiates, le caractère dudit général, qui vous sera apparemment connu depuis longtemps, et que vous me mandiez si la cour de Vienne le trouvera porté pour elle et s'il remplira l'attente des Anglais qui se flattent qu'il contribuera, autant que son prédécesseur, à conserver la bonne intelligence entre les deux cours.

Au reste, faites bien des compliments de ma part à M. de Contest, quand vous trouverez l'occasion de pouvoir le faire convenablement, par rapport à l'augmentation de pension que le comte de Lœwendahl a eue, et dites-lui que je ne prends autre part à lui, sinon qu'il ne sorte pas du service de France pour passer en celui d'une puissance étrangère.1

Quant à l'affaire de la comtesse Bentinck, j'approuve absolument le tempérament que le sieur de Reventlow a proposé, et viens de donner mes ordres positifs à mes ministres2 que, pourvu que mes sujets soient contentés des dettes que la comtesse Bentinck a contractées jusqu'ici auprès d'eux, ils ne doivent plus insister à aucune nouvelle condition de sa part, mais souscrire à la proposition du remboursement de la somme à payer à mes sujets sur la pension de la comtesse.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Vergl. S. 301.

2 Nr. 6311.