<327> Turcs marquaient un peu d'humeur et de l'inquiétude, mais dissimuleraient, autant qu'ils pourraient, le Sultan, par sa position particulière, ne voulant faire la guerre qu'à l'extrémité; que le khan des Tartares,1 chargé des pouvoirs de la Porte, devait s'ajuster avec le général russe de la frontière; qu'il y avait lieu de croire qu'à moins de quelque nouvel évènement, l'un et l'autre se relâchant de quelque chose par politique et par ordre, la conciliation se ferait, mais qu'elle ne serait que plâtrée et de peu de durée; que, quant à la cour de Vienne, elle ne désirait pour le présent encore que la continuation de la paix avec les Turcs, que ladite cour ne fut point intentionnée de la faire à présent de cette côté-là, et si les Turcs ne la commençaient; qu'à ce sujet la cour de Vienne ne laissait passer aucune occasion de témoigner toute sorte d'attention pour éviter de causer le moindre sujet de plainte à la Porte, sentant trop bien combien une guerre avec les Turcs dérangerait tous ses vastes desseins et lui deviendrait fatale.

Quant au plan général à former avec M. de Broglie pour les afffaires de Pologne, il faudra voir comment vous en conviendrez avec lui, et pour ce qui regarde les passe-ports que la cour de Dresde me demandera pour chaque envoi de monnaies en Pologne2 — supposé que je les refuserais, elle s'en trouverait, je crois, bien embarrassée, vu le grand détour qu'elle serait obligée de faire faire en prenant le passage par la Bohême, ce qui diminuerait considérablement le profit qu'elle retire de cette monnaie, et qu'elle ne saurait jamais faire ces transports sans les faire escorter.

Federic.

Nach dem Concept.


6331. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A LEIPZIG.

Potsdam, 12 mai 1754.

J'ai reçu votre rapport du 8 de ce mois. J'approuve parfaitement l'arrangement proposé par le comte de Broglie pour avoir et recevoir également vos lettres avec toute sûreté et diligence deux fois par semaine moyennant des exprès qui remettront vos lettres et recevront celles qui seront adressés à vous deux à moitié chemin entre Wartenberg et Varsovie. Mais, pour que cet établissement saurait être fait avec l'ordre qu'il faut, j'attends que vous m'indiquiez le nom de quelque lieu sûr entre Wartenberg et Varsovie, où, toujours moitié chemin, les courriers sauront échanger les dépêches qu'ils porteront, après quoi je ferai régler tout ce qu'il faut de ma part par le ministre de Massow à Breslau.

Au surplus, quand vous voudrez venir encore ici me parler et recevoir mes instructions de bouche, il faut bien que vous arriviez ici le 7 du mois de juin, envers quel j'espère que vous aurez fait une bonne récolte des nouvelles et des avis sur les affaires les plus intéressantes à



1 Aslan Ghirey.

2 Vergl. S. 310.