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6341. AU CONSEILLER PRIVE DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 21 mai 1754.

J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait du 11 de ce mois, sur lequel je veux bien vous faire observer que, selon mes avis, les troupes de Russie en Livonie sont actuellement en marche, depuis le commencement de ce mois,1 pour se joindre auprès de Riga, afin de camper là en partie, comme en partie dans la Courlande, et que l'ordre a été de se pourvoir de biscuits jusqu'au vingtième et de fourrages jusqu'à la fin de ce mois, que je ne doute d'ailleurs que ces troupes feront bien des démonstrations, mais que mes lettres d'Angleterre m'assurent positivement encore que jusqu'à présent on n'a rien donné en argent à la Russie, qu'il n'était question en Angleterre d'aucun nouveau projet vis-à-vis des deux cours impériales et qu'on y attendait tranquillement que les Russes acceptent les offres qu'on leur avait faites, et qu'on n'avait nulle envie d'aller au delà et de leur faire de nouvelles propositions. Ce qui, avec d'autres circonstances encore, me fait présumer que tout restera tranquille encore, dans le courant de cette année. Quant aux fréquents courriers qui en conséquence de votre rapport viennent et partent là où vous êtes, je m'imagine que les dépêches qu'ils portent pourraient avoir plutôt pour objet les subsides qu'on s'entre-demande qu'aucune autre affaire.

Au surplus, je dois remarquer sur l'avis qui vous est revenu sur les desseins de la cour de Russie, que c'est trop pousser les conjectures que d'en vouloir [prêter] celui2 à la Russie de chercher chicanes à la Suède pour s'emparer de la Finlande. D'ailleurs il ne faut point croire que la Russie ait augmenté ni recruté actuellement ses troupes, vu que je sais de science certaine qu'il lui en faut 50 à 60,000 hommes, avant que de rendre complets les régiments qu'ils ont sur pied. Enfin, selon toutes les apparences, l'année présente pourra s'écouler encore tranquillement, mais, quant à l'année prochaine, je ne répondrais point qu'il n'y aura de nouveaux troubles.

Federic.

Nach dem Concept.


6342. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 21 mai 1754.

J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 10 de ce mois. Je ne veux point vous laisser ignorer qu'en conséquence de mes lettres de Vienne l'on y a contremandé tous les campements qu'on avait résolu d'assembler cette année-ci en Hongrie;3 que la marche de six régiments de cavalerie, qui devaient passer de là en Bohême, a été également contremandée, et que ce ne seraient que les régiments allemands qui camperont en Hongrie, et qu'en Bohême et en Moravie se formeraient



1 Vergl. S. 302.

2 Le dessein.

3 Vergl. S. 318.