<36> expédients que j'ai proposés à la France pour accommoder mes différends avec l'Angleterre,1 qui est le plus au gré de M. de Contest, vous lui déclarerez de ma part que j'en suis tout content et que je donnerai volontiers les mains à un accommodement, moyennant l'arbitrage ou la médiation de la France conjointement avec quelque autre puissance. Aussi, dès que la France avec l'autre puissance arbitre me donnent leur garantie que mes sujets intéressés dans cette affaire auront une juste réparation des Anglais des dommages qu'ils ont soufferts, selon que les arbitres ou médiateurs le décideront, je ferai d'abord lever l'arrêt mis sur le reste des dettes de Silésie et me tiendrai satisfait et content, pourvu que mes sujets soient assurés d'avoir leur indemnisation.

Que sur ce principe-là, quand l'Angleterre voudra nommer des commissaires, j'en nommerai aussi de ma part, pour discuter ensemble cette affaire, abandonnant, à la suite, à la décision des susdits arbitres les points sur lesquels les commissaires de part et d'autre ne sauraient convenir. Qu'il ne tiendra point, pour accommoder cette affaire, à ce que l'arrêt sur les dettes de Silésie ne soit levé, que l'argent est tout prêt pour être payé, à moins seulement que la France me promette et me donne sa garantie que mes gens auront la satisfaction qui leur est due. Que ce n'est que la seule condition que je mets pour lever incontinent après l'arrêt, condition que M. de Contest trouvera d'autant plus juste et convenable à ma dignité, puisque sans elle, et si je devais lever tout simplement l'arrêt, sans avoir aucune sûreté pour la satisfaction de mes sujets, en conséquence de ce que les arbitres en décideront, ce serait me faire saigner du nez devant toute l'Europe, ce que la France ne voudrait pas elle-même qu'il se fît, contre ma dignité.

Au surplus, vous direz par manière d'acquit à M. de Contest que la France aurait tout sujet de ne pas trop établir le tribunal maritime des Anglais, et qu'il lui importait bien plus qu'à moi de l'empêcher, bien entendu que le commerce par mer que les miens avaient, était peu ou rien en comparaison de celui que les négociants français exerçaient. Vous ajouterez que ce n'était absolument pas mon intention de vouloir avoir de la guerre, mais qu'il ne fallait aussi s'imaginer que la ligue dont l'Angleterre voulait fortifier son parti, était déjà constatée; que ses alliés demandaient tous de l'argent pour entrer dans cette nouvelle ligue, et que je ne saurais que difficilement m'imaginer que pour une simple bagatelle de 200,000 écus tout au plus on voudrait gratuitement jeter en Angleterre quelques millions,2 surtout après les propositions les plus raisonnables qu'on lui avait faites touchant l'arbitrage équitable d'autres puissances.

Vous ne manquerez pas de me mander de quelle manière M. de Contest se sera expliqué sur ce sujet; au reste, mes avis de l'Angleterre continuent toujours que, pourvu que la France ferait parler avec



1 Vergl. S. 1.

2 Vergl. S. 27.