<411> Enfin, prenez vos mesures là-dessus, pour ne pas m'obliger de prendre les miennes.

Federic.

Nach dem Concept.


6443. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Knyphausen berichtet, Paris 16. August: „Je ne dois point cacher à Votre Majesté que j'ai trouvé ce ministre [Rouillé] beaucoup plus instruit du courant des affaires — je veux dire: de toutes les négociations commencées sous le ministère du marquis de Saint-Contest — que je ne m'y attendais. Plusieurs de mes confrères ont fait la même observation et en ont été également surpris. Mais je vais en même temps rendre compte à Votre Majesté de deux traits qui lui sont échappés dans cette audience, dont l'un prouve à quel point il est ignorant sur tout ce qui concerne la politique et l'histoire, et dont l'autre ne peut donner que de très mauvais présages sur les principes après lesquels il règlera sa conduite. La conversation étant tombée sur la nonchalance que la cour de Vienne manifeste relativement à l'élection du roi des Romains, il me dit que son but était vraisemblablement de faire traîner cette négociation jusqu'à la majorité de l'Archiduc, où la couronne impériale lui serait due de droit, et sans que personne y pût mettre le moindre obstacle. Voici le second qui me vient de très bon lieu, et que je ne saurais révoquer en doute. Le sieur de Sorba, ministre de la république de Gênes, lui ayant fait le même jour des insinuations pour lui faire sentir combien il était nécessaire que la cour de France continuât à faire parler au ministère de Vienne sur l'affaire de Saint-Rémo1 avec la même fermeté qu'elle avait montrée jusqu'à present, afin que l'on vît que le changement qui était arrivé dans le ministère de France, n'avait point altéré les sentiments de Sa Majesté Très Chrétienne pour la République, M. Rouillé lui a répliqué que ce n'était point par des menaces qu'on en imposerait à la cour de Vienne, et que ce n'était qu'en redoublant

Spandau, 27 août 1754.

J'ai reçu votre dépêche du r6 de ce mois, qui m'a donné plus de satisfaction que vos précédentes, de sorte que j'espère que, faisant attention à ce que je me suis vu obligé de vous marquer par mes deux lettres antérieures, vous tâcherez à me rendre vos dépêches intéressantes et instructives et de remplir par là cette confiance que j'avais mise en vous. Comme je vois, par ce que vous me mandez au sujet de M. de Rouillé, combien il est neuf encore sur le système présent de l'Europe et sur les vrais intérêts de la France, surtout à l'égard de la cour de Vienne, vous devez tâcher de le faire rectifier principalement sur le dernier sujet par le sieur de Bussy, en vous servant pour cela de l'entremise du sieur Wernicke.2 D'ailleurs, comme je m'aperçois bien que M. de Rouillé n'est proprement que la marionette de quelqu'un là, soit du prince de Conty,3 soit du sieur Machault, soit de quelque autre des ressorts duquel il agit, il sera bien nécessaire que vous vous appliquiez à bien pénétrer qui peut être celui dont il suit les impulsions, afin de faire alors connaissance avec un tel et d'adresser à celui-ci adroitement vos insinuations, ce qui effectuera sûrement, pourvu que vous



1 Vergl. S. 422.

2 Vergl. S. 242.

3 Vergl. S. 405.