<434>tant que l'on ne souffrirait point que la Russie bâtît des forteresses sur les frontières, et qu'au cas qu'elle le fît, elle aurait infailliblement la guerre avec la Porte, laquelle ni le Sultan, ni lui, le Visir, ne serait en état de détourner, ni de contenir la populace à cet égard. Que, le sieur Penckler en ayant donné avis par une estafette au comte de Kaunitz, celui-ci en avait été d'autant plus chaudement alarmé qu'il savait que ce n'était point flatter le caprice de l'impératrice de Russie que de lui mettre obstacle aux grands établissements qu'elle méditait à faire dans la Nouvelle Servie, [et] avait fortement pressé le comte Flemming, ministre saxon à Vienne, pour faire faire des représentations convenables à la cour de Russie, surtout par celle de Londres, afin qu'elle se désistât de son dessein de bâtir les forts en question; sur quoi le comte Flemming avait écrit une lettre au duc de Newcastle, dans laquelle, après lui avoir représenté les suites funestes qui s'ensuivraient d'une rupture entre la Russie et la Porte, l'embrasement général qu'elle causerait, l'union intime qui en résulterait entre la Porte d'un côté et la France et la Prusse de l'autre, et le grand embarras, enfin, dans lequel se trouverait par là le bon système, qui n'était rien moins que bien affermi, il avait pressé instamment le susdit ministre anglais de faire faire à la cour de Pétersbourg toutes les remontrances possibles pour la détourner de son projet en question.

Que, là-dessus, le Keith à Vienne avait reçu un courrier de sa cour, avec une dépêche du 28 d'août1 par où elle lui avait marqué qu'elle avait muni ses ministres à Pétersbourg et à Constantinople2 des ordres relatifs tant pour faire là-dessus des remontrances convenables à la cour de Russie, que pour tâcher de prévenir toute rupture de la part de la Porte à cette occasion, et que, le sieur Keith ayant communiqué les copies de ces ordres au ministère autrichien, celui-ci avait paru fort content de leur contenu.

Vous ne manquerez pas de faire un fidèle récit au sieur Rouillé de ces circonstances, en ajoutant [ce] que j'avais appris par de bonnes lettres de Vienne,3 selon lesquelles le lord Holdernesse avait écrit au sieur Keith les circonstances du changement arrivé dans le ministère espagnol,4 dont il augurait bien pour la conservation de la paix générale, aussi bien que pour les Anglais en particulier. Que l'on se fierait aux assurances et aux protestations dudit5 Wall6 aussi longtemps qu'il ne donnerait pas de preuves du contraire; que ce ministre avait déclaré qu'il serait fort porté à appuyer le système anglais, tandis qu'il le verrait bien lié et fortifié par le concours et l'alliance des puissances qui naturellement en devraient être les appuis; que pour en juger avec certitude, il aurait principalement les yeux sur le plus ou le moins de confiance qui règnerait entre les Puissances maritimes et la cour de Vienne, et que, pour ne pas se tromper à cet égard, il regarderait



1 Verwechselung mit dem Datum des Flemming'schen Berichtes.

2 Guy Dickens und Porter.

3 Vergl. S. 433 Anm. 2.

4 Vergl. S. 422.

5 Sic.

6 Vergl. S. 419.