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6503. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.

Potsdam, 2 novembre 1754.

J'ai bien reçu les dépêches que vous m'avez faites depuis le 19 jusqu'au 26 de ce mois, au sujet desquelles je veux bien vous dire que, quant à la négociation d'un traité à faire entre moi et le Danemark, je crois que vous n'aurez qu'à battre froidement là-dessus, puisqu'il est à présumer que l'évènement de la naissance du jeune grand-duc de Russie mènera les ministres de Danemark à accélérer eux-mêmes cette négociation.

Pour ce qui regarde en particulier votre dépêche du 26, j'approuve fort que vous n'ayez pas parlé ni aux ministres de Danemark ni à d'autres, hormis à M. d'Ogier, de cette négociation. J'espère que vous vous acquitterez du compliment que je vous ai ordonne1 de lui faire de ma part sur ce qu'il a bien voulu faire la première ouverture aux ministres danois de la négociation à entamer; mais, en lui parlant, vous devez lui faire remarquer qu'après la naissance du jeune grand-duc de Russie, la cour de Copenhague avait bien plus besoin de mon alliance que je n'avais de la sienne, et qu'en conséquence je croyais qu'il convenait que nous ne fassions pas les plus pressés de notre côté là-dessus. Que toutes les chipoteries que la cour de Danemark voudrait peut-être tenter encore en Russie, réussiraient moins à présent que jamais, parceque toute l'apparence était que le grand-duc de Russie relèverait présentement d'autorité, en sorte que les ministres de Russie seront obligés de conformer plus leurs démarches à ses idées et hésiteront au moins de vouloir obliger le Grand-Duc à des choses qui ne sont absolument de son gré, et, comme il faudrait bien que tout cela se débrouille plus clair dans l'intervalle de peu de mois, où le Danemark se verrait apparemment détrompé de ses illusions, l'on pourrait bien laisser écouler doucement ce temps-là, pour voir venir alors les ministres de Danemark eux-mêmes.

Federic.

Nach dem Concept.


6504. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.

Potsdam, 2 novembre 1754.

La dépêche que vous m'avez faite du 18 de ce mois dernier, m'a été fidèlement rendue, sur laquelle je veux bien vous dire que, vu les motifs solides et fondés que vous m'alléguez, j'approuve parfaitement que vous parliez au marquis d'Havrincourt et que vous vous expliquiez modérément avec lui, dans le sens que vous me le marquez, pour lui ôter tout soupçon injuste qu'il pourrait avoir conçu de ma façon de



1 Vergl. S. 455 Anm. 4.