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5999. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.

Potsdam, 14 août 1753.

J'ai bien reçu vos dépêches du 31 du mois dernier et du 4 de ce mois et approuve parfaitement la réponse que vous avez faite au maréchal de Schulenburg, quand il vous a sondé sur l'accueil que trouveraient ici les officiers étrangers qui contre mon gré1 voulaient se trouver présents aux exercices et manœuvres dans le camp qui se formera auprès de Spandau; aussi mon intention est que vous y tiendrez toute fois qu'on en parlera, et que vous en teniez toujours le même langage.

Comme vous soutenez que, malgré tout le chimérique qu'il y a dans le plan d'une entreprise sur la Scanie, la chose n'était pas moins vraie, je commence à soupçonner que le traité nouvellement conclu entre le Danemark et l'Hanovre2 ne couvre tout un autre but, savoir la défense du pays d'Hanovre, de façon qu'on soit convenu par quelque article séparé ou secret qu'au cas d'une guerre en Allemagne entre moi et entre le roi d'Angleterre et ses alliés, le roi de Danemark tomberait alors sur la Scanie afin d'empêcher par là que la Suède saurait me donner le secours stipulé dans le traité fait et conclu entre moi et elle.3 Je ne vous donne ceci que comme des conjectures, mais comme la chose n'est pas destituée de toute vraisemblance, vous ne laisserez pas d'y réfléchir et de songer à vous éclaircir là-dessus pour m'en faire votre rapport immédiatement et à moi seul.

Je viens de recevoir encore votre rapport du 7 de ce mois. La particularité que vous remarquez qu'on n'a point parlé à M. Lemaire du traité conclu nouvellement avec l'Hanovre, confirme en quelque manière mes soupçons ci-dessus mentionnés, et quant à M. Lemaire, il me paraît qu'il saurait bien demander une explication des ministres de Danemark à l'égard de ce traité, d'autant plus qu'une telle demande n'aurait rien d'extraordinaire et serait tout au contraire dans la règle.

Federic.

Nach dem Concept.


6000. A LA REINE DE SUÈDE A DROTTNINGHOLM.

[Potsdam], 14 août 1753.

Malgré toute la mauvaise volonté que la cour de Danemark nourrit, elle ne saura rien entreprendre, car d'où tirerait-elle l'argent et les moyens nécessaires pour soutenir l'entreprise? Ainsi mon avis est qu'on fasse semblant encore de ne pas s'apercevoir de leur dessein et de n'en parler du tout. S'il arrive jamais que le roi de Danemark se préparerait sérieusement pour réaliser son projet, j'en serais sûrement informé, de sorte que je pourrai vous en avertir à temps encore.

En attendant, comme il enverra sur le champ son général Schmettau avec d'autres officiers de confiance dans la Scanie pour voir les forti-



1 Vergl. S. 20.

2 Vergl. S. 30.

3 Vergl. Bd. V, 406 Anm. I.