<78> conférence entre les ministres de Russie, Guy Dickens et Pretlack, le 9 juillet, telle qu'elle est ci-jointe sous la lettre D, avec un projet de convention à faire, coté sous E.

Quand on avait lu, dans la conférence, ledit mémoire avec le projet de convention, Guy Dickens en parut être assez content, mais, après que Guy Dickens avait le loisir d'y penser et réfléchir mûrement, il fut effrayé des sommes énormes qu'on prétendait en subsides, et des autres conditions exorbitantes qu'on prétendait stipuler dans le projet de convention. Il était d'opinion que sa cour pourrait bien donner une certaine somme, une fois pour toutes, pour aider la Russie par rapport aux frais de la marche de ses troupes en Livonie, mais que sa cour accorderait difficilement des subsides annuels à ce sujet, vu que cela pourrait continuer plusieurs années de suite. D'ailleurs, il trouvait un subside de trois millions en cas de guerre, et même le nombre de troupes qu'on voudrait employer, trop forts; il désirait encore qu'on eût omis dans le projet de convention les articles 8, io et 18, comme trop onéreux à l'Angleterre, et dont le cas serait bien éloigné encore. Mais le chancelier Bestushew y insista, en relevant les fortes dépenses que la Russie serait obligée de faire en cas de guerre, pour écraser, à ce qu'il disait, tout d'un coup et avec toute la vivacité possible le roi de Prusse, avant qu'il eût le temps de se reconnaître ou d'avoir des avantages sur les alliés de la Russie. Il conclut que c'était l'unique moyen pour mettre au roi de Prusse telles bornes qu'il plaisait aux alliés de la Russie, et de parvenir par là à ce que l'Angleterre pourrait donner la loi à la France dans le système général de l'Europe. Il ajouta que, si l'Angleterre laissait échapper ce moment favorable, il ne répondrait point, malgré toute la bonne volonté qu'il aurait, de pouvoir jamais remettre les choses sur un aussi bon pied qu'elles étaient actuellement. Comme aussi Guy Dickens avait remarqué qu'on n'avaitt point fait mention, dans le mémoire des ministres de Russie, qu'on reconnaîtrait de la part de la Russie le cas présent avec la Prusse comme un casus fœderis, le Chancelier convint avec lui qu'il lui en écrirait, sur quoi Guy Dickens a eu la réponse cotée sous la lettre F.

Ce qu'il y a de plus extraordinaire dans cette affaire, c'est que le chancelier Bestushew a opéré que les troupes ont eu l'ordre de marcher vers la Livonie, avant même que Guy Dickens fût instruit de la réponse que les ministres de Russie lui feraient sur son mémoire, et avant que ceux-ci sussent si l'Angleterre accepterait le projet de convention ou non.

Quant au résultat pris par le conseil secret assemblé à Moscou, il est à remarquer que le chancelier Bestushew a avoué lui-même à un de ses amis intimes1 qu'il avait trouvé moyen pour faire nommer un de ses gens affidés de sa chancellerie, nommé Wolkow, pour tenir les protocoles sur les déliberations de ce conseil, lequel il avait instruit que,




1 Funcke.