6032. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Camp de Spandau, 11 septembre 1753.

J'ai bien reçu votre dépêche du 31 du mois dernier. Vous remercierez de la manière la plus affectueuse de ma part M. de Contest de la fermeté avec laquelle il a répondu au comte d'Albemarle, quand celui-ci lui a parlé des étranges propositions que les ministres anglais ont voulu faire au sujet de mes différends avec l'Angleterre; vous prierez d'ailleurs M. de Contest qu'il voudrait bien continuer de leur parler avec fermeté et d'un ton haut, attendu que c'était le moyen le plus sûr pour parvenir au but que nous désirions. Qu'au surplus, je me flattais que, quand le roi d'Angleterre et son ministère auraient réfléchi plus mûrement sur l'incongruité de la proposition, ils en reviendraient eux-mêmes et se rendraient à la raison; qu'au reste, j'abandonnais au jugement et à la pénétration de M. de Contest s'il trouverait à propos d'instruire le duc de Mirepoix de s'ouvrir convenablement tant soit plus aux ministres anglais sur mon ultimatum que je lui avais communiqué.73-3

D'ailleurs, je ne veux pas vous laisser ignorer que mes dernières lettres de Londres du 18 passé me marquent, que, quoiqu'en effet il soit arrivé là la semaine dernière un courrier de Guy Dickens, portant la réponse de la cour de Russie dont je vous ai déjà averti par ma dépêche que le dernier exprès vous a portée,73-4 et que le sieur Guy Dickens<74> ait même fait entendre par le contenu de sa dépêche que les ministres de Russie pourraient bien se relâcher de quelque chose sur le montant des subsides qu'ils avaient demandés, les ministres anglais ne laissaient pas que d'y persister dans la façon de penser que je vous ai expliquée dans la dépêche que je vous ai faite du 16 du mois d'août passé,74-1 et qu'il y avait toute l'apparence que le susdit changement de résolution74-2 du ministère anglais ne serait pas de durée, si la France reprenait le ton haut, vu que l'on n'était pas là en état d'y prendre aucune mesure violente dans le moment présent, où surtout il convenait aux intérêts particuliers des Pelham — pendant l'absence desquels les ministres anglais s'étaient avisés de faire la déclaration étrange au duc de Mirepoix — que les différends en question s'étouffassent, et que ce n'avait été que pour faire plaisir au roi d'Angleterre que le Grand-Chancelier et le lord Carteret voudraient soutenir la légalité des tribunaux, afin d'éviter d'un côté de donner une satisfaction à moi et d'avoir de l'autre une prétention en réserve à ma charge pour s'en servir dans les circonstances plus favorables qu'aujourd'hui.

Mon intention est que vous devez communiquer tout ceci à M. de Saint-Contest; aussi veux -je bien abandonner à votre discernement si vous croyez convenable de faire entrevoir quelque chose de ce que je vous ai marqué par ma dépêche ci-dessus alléguée et par le mémoire y joint des chipoteries que le sieur Guy Dickens a eues avec les ministres de Russie -et des subsides énormes que ceux-ci ont prétendus de l'Angleterre.

Federic.

Nach dem Concept.



73-3 Vergl. S. 56.

73-4 Vergl. S. 23.

74-1 Nr. 6001 S. 51. Vergl. S. 54. 70.

74-2 Vergl. S. 71. 72.