6035. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.

Potsdam, [15 septembre]102-3 1753.

Je viens d'avoir des lettres de Vienne qui m'apprennent que le comte de Starhemberg, qui va de la part de la cour impériale en France, est parti le 3 de ce mois pour Dresde, sans qu'on ait entendu qu'il eût médité un pareil voyage, et qu'on y soupçonnait du mystère, puisqu'il s'y arrêterait quelque temps, quoique d'autres présument que ce voyage n'aurait peut-être d'autre but que de voir là sa sœur, la comtesse de Sternberg,102-4 et d'arranger avec elle des affaires de famille. Quoi qu'il en soit, j'ai bien voulu vous en instruire, afin que vous ayez l'œil sur lui et tâchiez de pénétrer le vrai objet de ce voyage.

J'accuse la bonne réception de votre rapport du 8 de ce mois. Quant à l'accommodement que vous me proposez relativement aux affaires de la Steuer, je le goûterais parfaitement et ne hésiterais point d'y donner les mains, ne fût-ce que cela arrivait justement dans un temps qu'on fait du bruit de la marche des troupes de Russie en Livonie. Comme je ne voudrais point qu'on me supposât de l'inquiétude à ce sujet, et que j'en avais faibli, il faut bien que je remette à un autre<103> temps plus convenable, pour faire traiter sur le susdit accommodement.

En attendant, vous tiendrez le même langage que ci-devant au comte de Brühl par rapport aux affaires de la Steuer, quoique toujours en termes honnêtes et sans user de menaces.

Pour ce qui regarde le cas arrivé avec le sieur Sandelhjelm, vous vous expliquerez poliment sur ceci audit ministre, que, si cet officier avait eu du chagrin à Berlin, ç'avait été bien par sa propre faute, vu qu'il n'avait jamais dit qu'il était en service de Saxe, ni n'en porté l'uniforme, mais qu'il s'était qualifié pour être officier suédois, jusqu'à ce qu'il avait été reconnu pour ne point être dans ce service; que c'était par cette raison-là qu'on l'avait soupçonné et prié de vouloir bien quitter la ville, mais point du tout dans un temps de vingt-quatre heures, comme il paraissait qu'on l'avait marqué au comte de Brühl; qu'il n'avait dépendu que de lui de se dire officier saxon, et qu'on aurait eu tous les égards dus à ce caractère, mais que l'ayant déguisé, il s'était fait soupçonner par sa propre faute; que tout officier qui agissait de la sorte, courrait risque d'être traité de la même façon, et que, si jamais un de mes officiers voulait user d'un pareil déguisement en Saxe, je ne saurais être fâché, si l'on agissait envers lui de la même manière.

Federic.

Nach dem Concept.



102-3 Das Datum ergiebt der Bericht Maltzahn's vom 22. September.

102-4 Vergl. Bd. VII, 102.