6108. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 20 novembre 1753.

Il m'a fait beaucoup de plaisir de voir par votre dernier rapport que le sieur Aubeterre pénètre, aussi bien qu'il le fait, la cour de Vienne et ses artifices, et qu'il n'en est point la dupe.158-1 Je vous sais parfaitement gré de l'avoir averti du dessein de la Reine-Impératrice de vouloir séjourner, l'année qui vient, trois mois en Bohême et y assembler 50,000 hommes de ses troupes;158-2 je souhaiterais qu'il en eût écrit à sa cour. Quant à vous, vous ne discontinuerez pas de veiller avec toute l'attention possible sur tout ce qui regarde ce dessein, afin de le bien développer et m'en instruire exactement; je vous garderai le secret que vous désirez.

Quand vous saurez faire des intelligences dans le cabinet, pour en tirer des découvertes intéressantes, je vous tiendrai compte des frais, mais il ne faut que vous perdiez votre argent pour des nouvelles générales et de peu d'importance. Au reste, si le comte Kaunitz a paru gai et content à l'occasion de l'arrivée du dernier courrier d'Angleterre, je pense que c'est par la nouvelle qu'il en a eue que le ministère anglais a trouvé dans les épargnes du Roi un fonds de 25,000 livres sterling qu'on veut avancer à la Russie, pour subvenir aux frais de la marche de 50,000 hommes en Livonie, en attendant qu'on pût faire résoudre la nation de faire davantage.

Federic.

Nach dem Concept.



158-1 Vergl. S. 151. 152.

158-2 Vergl. S. 156.