6289. AU PRINCE DE PRUSSE A SPANDAU.

[Potsdam], 13 [avril 1754].296-1

Mon très cher Frère. Je suis bien aise que l'aventure de vos officiers se soit terminée moins tragiquement qu'on n'avait lieu de le présumer; il faut une punition pour la forme, il faut que le conseil de guerre prononce à la rigueur, mais je modèrerai l'arrêt de façon que les coupables en seront quittes à bon marché.

Si mes conjonctures le permettent, je compte d'assembler encore un camp en automne à Spandau des garnisons voisines et de manœuvrer; je regarde ces sortes de mouvements comme les vrais exercices d'un soldat, et c'est par là que les officiers subalternes acquièrent de l'intelli<297>gence et apprennent à raisonner. Il est bien singulier que, pour devenir cordonnier, on est obligé de se mettre auprès d'un maître pour apprendre à faire des souliers, et que, pour devenir officier, on s'imagine qu'il n'y a qu'à être brave. L'art de la guerre est de tous les arts le plus difficile; jamais aucun homme n'y est parvenu à la perfection, mais pour ne pas être des moindres, il faut beaucoup étudier et s'exercer en temps de paix, pour commettre moins de fautes en temps de guerre. Adieu, mon cher frère, je vous embrasse de tout mon cœur, en vous assurant de la tendresse avec laquelle je suis, mon très cher frère, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach dem Concept.



296-1 Die Antwort des Prinzen von Preussen ist vom 16. April 1754.