6387. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 9 juillet 1754.

Vous ne devez nullement vous alarmer ni de ce que les gazettes disent des ostentations de Russie, ni de ce que d'autres à Vienne vous en ont annoncé. Je suis trop intéressé pour ne pas savoir au juste ce qui se passe en Livonie, et vous m'en pouvez croire que, jusqu'à présent, ce ne sont que de simples démonstrations, qu'on affecte même de les cacher ou de paraître au moins qu'on n'en ait d'autre but que de faire camper les troupes par différents petits corps. Il faut que ceux qui en mettent le nombre au delà de 100,000 hommes, outre les troupes irrégulières, soient bien mal appris, et ceux encore qui comptent le puissant subside que l'Angleterre accordera à la Russie, pourront bien avoir compté sans leur hôte, vu que celle-ci en est encore bien éloignée. L'Angleterre ne veut point acheter la Russie au prix qu'elle voudrait se vendre, et toute la résolution qu'on y a prise depuis l'arrivée du courrier de Guy Dickens, c'est de lui répondre que les demandes des ministres de Russie sont si exorbitantes qu'il n'y a pas moyen de traiter avec eux, à moins qu'ils ne se contentent du subside médiocre que<372> l'Angleterre leur a offert. Tout ce que le comte de Colloredo à Londres insinue à cet égard au ministère anglais, se réduit à flatter le ministère que la Russie, convaincue qu'on ne veut pas aller au delà des offres faites, se rendra, et que le traité saurait encore avoir lieu. Voilà des circonstances sur lesquelles vous pouvez compter. Au surplus, je vous ai déjà instruit, il y a quelque temps,372-1 combien les demandes des ministres de Russie diffèrent de ce que l'Angleterre lui a offert en subsides.

Federic.

Nach dem Concept.



372-1 Vergl. S. 343. 344.