6407. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VLENNE.

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Klinggräffen berichtet, Wien 20. Juli: „Le principal motif dont cette cour se sert pour disposer l'Angleterre à ne pas serrer si fort les cordons de la bourse, selon ce qui m'est revenu, sont les dispositions favorables où se trouve la Russie à concourir au bien commun, et la situation actuelle, ayant le dos libre. On ajoute que, si une fois il y arrivait du changement, ce serait un mal bien difficile, pour ne pas dire impossible, à remédier … Je dois ajouter en peu de mots la façon de penser d'ici par rapport à l'âge avancé du roi d'Angleterre,385-4 qui ne voudrait point s'engager dans de nouveaux troubles, dont il ne verrait peut-être pas la fin. Il me paraît donc, du moins affecte-t-on de le dire dans de bons lieux, qu'on souhaiterait à la vérité

Potsdam, 30 juillet 1754.

J'ai reçu votre dépêche du 20 de ce mois et vous renvoie, quant à mes dernières nouvelles de Londres, sur ce que je vous en ai fait communiquer dans la dépêche ordinaire du Département,385-5 à laquelle j'ajoute seulement que, selon ces nouvelles, la cour de Londres doit être piquée de voir que les procédés de celle de Vienne recommencent d'être modelés sur ceux de l'ancien ministère autrichien et que le comte de Kaunitz cherche plutôt en avocat qu'en homme d'État. Au reste, je crois avoir

que ce Prince vécût, mais que, si on venait à le perdre, le système ne souffrirait aucune altération, le successeur, sans la Russie, devant avoir la même inquiétude pour ses Etats d'Hanovre, et ainsi la nation anglaise devrait peut-être, malgré elle et sa disposition intérieure pacifique, continuer à se conserver la Russie à tout prix, pour toutes les occasions où son secours serait nécessaire à la cause commune.“386-1

lieu de présumer par tout ceci que les affaires par rapport à la Russie [ne] sont [pas]386-2 déjà aussi avancées qu'on prend à tâche de les débiter à Vienne. D'ailleurs, il est bien à remarquer que la Russie ne veut point entendre parler des engagements offensifs et qu'elle suppose absolument, dans les liaisons qu'elle veut prendre, le cas que j'attaque l'Hanovre. Quant à la façon qu'on pense là où vous êtes sur l'évènement de la mort du roi d'Angleterre, il y a, selon moi, bien du paralogisme dans le raisonnement qu'on en fait. Je suis persuadé que, le cas arrivant, le système entre l'Angleterre et la cour de Vienne continuera en gros; mais, si le successeur à la couronne de l'Angleterre continue d'avoir une aussi grande prédilection pour la cour de Vienne que le roi présentement régnant, s'il a la même considération pour le ministère d'Hanovre et les mêmes appréhensions, quoique vaines, pour ce pays, enfin, s'il veut se mêler de tant d'affaires, la plupart étrangères à la nation britannique : c'est sur quoi nous étendrons nos raisonnements politiques, quand nous vivrons assez pour voir arrivé le cas.

Federic.

Nach dem Concept.



385-4 Vergl. S. 376.

385-5 Betreffend die Verstimmung des englischen Cabinets über die Haltung des wiener Hofes in der Barriereverhandlung; vergl. S. 380.

386-1 Weitere Meldungen Klinggräffen's aus demselben Berichte sind unter der folgenden Nummer reproducirt.

386-2 Verbessert nach einer dem Concept zu Grunde liegenden Bleistiftnotiz des Cabinetssecretärs: „Habe noch grosse Mühe zu glauben, dass die Sachen schon so weit wären.“