<122> ment si le duc de Mirepoix en est effectivement la dupe, et s'il s'en laisse imposer au point que de prendre les contestations simulées du ministère anglais pour de l'argent comptant, s'il ajoute foi à ses sincérations ou comment il en pense.

Continuez, au reste, de me faire vos rapports de tout ce qui se passe sur vos lieux, le plus souvent qu'il vous sera possible.

Federic.

Nach dem Concept.


6738. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Potsdam, 15 avril 1755.

J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite du 4 de ce mois. Je crains infiniment que les ministres de France ne se trompent furieusement en jugeant des intentions de ceux d'Angleterre par leurs paroles et par les sincérations qu'ils font au duc de Mirepoix, et toutes les bassesses dont on agit envers eux, n'opèreront rien, sinon que ceux-ci en deviendront plus irraisonnables et plus impertinents. Ce qui me confirme encore dans cette façon de penser et sur ce que les intentions des ministres anglais ne sont point nettes, c'est que de bonnes lettres toutes fraîches de Londres1 m'apprennent que la négociation du duc de Mirepoix va de mal en pis; que, nonobstant quelques avances que celui-ci leur avait faites encore, il paraissait résolu de s'en tenir au contreprojet que l'on a donné à la France,2 et bien que le duc de Newcastle avait fait espérer qu'on pourrait se relâcher là-dessus, il paraissait cependant plus que jamais qu'il ne sera pas en état d'engager le Conseil du Roi à s'y prêter; aussi n'osait-il prendre sur lui de passer outre, bien qu'appuyé des sentiments de son maître, vu l'opposition du lord Carteret, soutenu du comte Sandwich, du sieur Fox et d'autres, qui s'y opposaient fortement et coloraient leur refus des intérêts de la nation, de zèle et de patriotisme : enfin, qu'à moins que la France ne changeât totalement de principes, il n'était pas possible qu'on pourrait s'accommoder, ni sortir de cette situation critique sans coup férir.

Voilà ce que mes dernières nouvelles d'Angleterre m'apprennent. Quant à l'article de l'opposition susdite du lord Carteret et de ceux du Conseil anglais qui le soutiennent, je serais bien aise que vous en puissiez glisser quelque chose dans vos entretiens avec M. de Rouillé, afin qu'il en soit au moins informé.

Du reste, l'on m'assure encore que, jusqu'à présent, l'Espagne ne s'était encore mêlée en aucune façon de cette querelle,3 et que les ministres anglais se flattaient que l'Espagne ne remuerait pas à cette occasion.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Bericht Michell's, London 4. April.

2 Vergl. S. 112.

3 Vergl. S.114.