<282>
 

curiosité, si les ministres de France comprennent à présent combien ils se sont trompés, quand ils m'ont pris autrefois, selon les inspirations que les Autrichiens avec mes autres faux amis et ennemis leur avaient faites, pour un prince remuant qui ne cherchait qu'à brouiller les affaires pour m'agrandir et pour pêcher en eau trouble.1

Pour ce qui est des Saxons et du traité que le ministère de France voudra faire avec eux, outre que je crois que leur accord nouveau avec l'Hanovre est déjà fait et conclu,2 vous vous donnerez tous les mouvements possibles pour décliner une affaire aussi odieuse que nuisible à la France et à nos intérêts communs; c'est pourquoi aussi vous devez employer tous les arguments que je vous ai déjà communiqués à ce sujet par ma lettre antérieure,3 auxquels vous [ajouterez] encore que, si l'on voulait mettre de notre parti les Saxons, je ne saurais y rester, parceque, tôt ou tard, j'aurais à essuyer les malheurs qui en résulteraient. Que, d'ailleurs, ce n'était pas une alliée aussi faible que la Saxe que je demandais, mais bien les deux autres, savoir les Danois et la Porte Ottomane, qui seuls sauraient me rendre les bras libres pour agir,4 ce que je ne saurais jamais attendre des Saxons, supposé même qu'ils en eussent toute la bonne volonté.

Quant à la confédération que M. de Rouillé estime de pouvoir faire par la Saxe en Pologne, pour empêcher le passage des troupes russiennes par les terres de la République,5 vous devez répondre à ce ministre que jamais les troupes de la République ne sauront arrêter une armée de Russie, que tout ce que celles-là feraient, serait un vain effort pour un temps de quinze jours tout à plus, et qui à la suite entraînerait la ruine de la République, sans que j'en aurais retiré le moindre avantage ni secours. Outre tout cela, il faut bien que M. de Rouillé ne se soit pas souvenu de la convention qui a été faite à Varsovie l'année 1744,6 en conséquence de laquelle le roi de Pologne s'est engagé envers la Russie de ne mettre aucun obstacle, quand elle voudra faire passer des troupes par le territoire de la République.

Au reste, j'ai eu des nouvelles que la cour de Vienne tient prêt un corps de ses troupes de 15,000 hommes pour les faire marcher, le cas le requérant, aux Pays[-Bas].7 J'apprends, d'ailleurs, que 20,000 des troupes hanovriennes y doivent marcher encore, dès que le roi d'Angleterre sera reparti pour Londres, à quoi on avait fixé le 8 de septembre. Quant à la république de Hollande, il est incertain encore si le plan projeté de l'augmentation des troupes se réalisera encore ou non.8 En attendant, les Anglais font tramer prodigieusement pour la réussite de ce plan, dont on ne peut cependant point encore juger s'il aura lieu ou non.

Pour finir, je vous dirai encore que, quant à mon petit différend



1 Vergl. Bd. VII, 104 Anm.

2 Vergl. S. 249. 268.

3 Nr. 6918 S. 243.

4 Vergl. S. 232.

5 Vergl. S. 269. 270.

6 Vergl. Bd. III, 117.

7 Vergl. S. 280.

8 Vergl. S. 236.