6958. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 30 août 1755.

Votre rapport du 19 de ce mois m'a été fidèlement rendu. Il me paraît que c'est avec raison que vous commencez de douter si l'empressement qu'on fait paraître présentement en Angleterre, pour vouloir se charger seul de tous frais qu'une guerre avec la France demandera, durera longtemps, et si l'on les fournira toujours avec cette satisfaction dont on fait ostentation au moment présent. Ce ne sont pas seuls les subsides qu'on paiera aux Russes; il faut y ajouter que les Autrichiens ne voudront agir à leurs propres frais, mais qu'ils souhaiteront de se vendre aux Anglais aussi cher que les Russes.280-1 Il faut y ajouter encore ce que le roi de Sardaigne demandera, et le roi d'Angleterre ne voudra même pas donner ses troupes hannovriennes gratuitement. Si l'on suppute avec cela les subsides de Hesse, de Saxe et d'autres Princes et les frais encore qu'il faut que l'Angleterre fournisse pour pousser la guerre aux Indes et en Europe, je crois qu'à bon droit l'on peut tirer le calcul jusqu'à la somme de 24 [millions d'] écus d'Allemagne que la guerre coûtera au moins à la nation par an; reste à présent à voir combien de temps cela durera.280-2 Quant à la cour de Vienne, j'apprends que, dans les explications qu'elle a eues avec celle de Londres, elle s'est déclarée que, quand une puissance voulait faire la guerre à quelque autre, l'usage ordinaire était qu'elle s'en consultât préalablement avec ses alliés, ce que l'Angleterre n'avait point fait. Que, d'ailleurs, celle-ci ne saurait ignorer qu'il n'y avait aucun traité pour obliger la cour de<281> Vienne à entrer dans les démêlés de l'Amérique, mais, dans le cas que la guerre passerait en Europe, on ne serait pas éloigné de faire un nouveau traité. Voilà la confirmation de ce que je vous ai dit ci-dessus.281-1

Federic.

Nach dem Concept.



280-1 Vergl. Nr. 6957.

280-2 Vergl. S. 276.

281-1 Vergl. Nr. 6880 S. 216.