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par rapport au sieur de Bonneville et de Burgsdorff.1 Je ne pourrais m'en acquitter qu'en demandant un ordre circulaire au Conseil de guerre pour les généraux et commandants des places respectives. Peut-être même me le refuserait-il, ou bien il ne s'en acquitterait pas et pourrait faire un effet contraire, en donnant des récompenses à ces gens pour en tirer quelque chose, vu les mouvements qu'on se donnerait pour eux, tandisqu'en ne s'empressant point, on donnerait moins de foi à ce qu'ils pourraient dire. J'ai cru de mon devoir à faire parvenir mon idée à Votre Majesté, parceque la façon de penser de ce pays-ci m'est assez connue.“

en attendant, il s'en faut bien que ce traité soit fort applaudi par la nation anglaise et qu'il passera sans bruit au Parlement, vu que je sais que bien des gens du Parlement se gendarment fort contre ce traité, qu'il sera extrêmement contrecarré, et que même les amis des ministres en sont extrêmement mortifiés et auraient souhaité que ceux-ci se seraient passés de cette démarche qu'on ne saura faire approuver du Parlement qu'à force d'embarras et d'intrigues, et dont on craint que par ce traité la nation ne puisse être menée plus loin qu'elle ne voudrait aller.

Je suis bien aise de vous informer d abord de ces circonstances, afin que vous sachiez observer avec attention la contenance que la cour où vous vous trouvez tiendra présentement, et si le sieur Keith sera traité avec moins d'indifférence par le comte de Kaunitz que par le passé.2

En attendant, il est fort vraisemblable que le roi d'Angleterre ne voudra payer à la Russie que les subsides de paix, pour avoir seulement un corps nombreux des troupes de Russie à sa disposition et pour en faire ostentation, sans s'en servir effectivement et sans payer les subsides de guerre, afin de ne pas trop révolter la nation anglaise.

Ce que vous me mandez touchant les sentiments que la cour de Vienne et le sieur d'Aubeterre continuent de se déclarer réciproquement, tout comme le comte de Starhemberg le fait à Paris,3 m'a tout l'air comme s'il y avait quelque chipotage secret entre les deux cours.4 Quoique ce ne soient que des conjectures et des soupçons, vous devez, malgré cela, tâcher de les approfondir.

Les appréhensions que la cour où vous êtes fait voir par rapport à une révolution générale à la Porte, ne me paraissent pas être fort grandes;5 elle est trop bien informée de la situation présente des affaires de la Porte pour ignorer qu'il est un parti à Constantinople qui craint les deux cours impériales et qui par cette raison voudrait que la paix avec elles soit conservée, et, d'ailleurs, il est fort probable que, supposé une révolution totale à la Porte, le nouveau Sultan ne voudra commencer d'abord la guerre, sans être préalablement affermi sur le trône.

Ce qui doit à présent occuper toute votre attention, c'est d'approfondir bien les mesures que la cour de Vienne, malgré toute sa dissi-



1 Deserteure.

2 Vergl. S. 377.

3 Vergl. S. 382.

4 Vergl. S. 378.

5 Vergl. S. 384.