6920. AU CONSEILLER PRIVÉ EICHEL A POTSDAM.

Schreiben des Prinzen Ferdinand von Braunschweig, „Berlin ce 7 août à trois heures du matin. 1755“ : „Sire. Je présente très humblement cî-joint à Votre Majesté ce qui m'est parvenu ultérieurement de la part du Duc mon frère relatif aux affaires hanovriennes. Je ne discontinue d'être etc.“

Apostille.

Voici le cas annoncé dans ma lettre. Ma précédente était partie deux jours, quand le correspondant du président de Münchhausen m'en apporta une dans laquelle, après des compliments, il dit :

1° La conviction que j'ai de l'estime infinie de Sa Majesté le Roi pour Madame la princesse Caroline ne me rend que d'autant plus facile à me flatter que votre cour voudra bien cimenter nos espérances connues, en évitant les démarches qui en pourraient reculer ou embarrasser l'accomplissement, et en montrant au Roi une véritable affection et participation à la situation épineuse à laquelle un devoir indispensable de maintenir les droits de sa couronne vient de l'exposer.

2° Son Altesse Sérénissime est trop éclairée et connaît trop bien les intérêts de sa maison pour n'apercevoir point qu'une invasion de ce pays ne peut jamais lui être indifférente.

3° Elle peut compter aussi que le Roi pense effectivement de la sorte par réciprocité et relativement au pays de Brunswick, et s'il y a des raisons qui empêchent dans l'instant246-3 Son Altesse Sérénissime de s'engager à joindre éventuellement ses forces à celles du Roi pour la défense de ses possessions allemandes, il n'en<247> sera pas de même à l'égard des bons offices qui pourront être employés, soit pour faciliter indirectement la défense du pays du Roi.

4° D'un autre côté, on ne sent que trop bien ici de quel effet et de quelle importance sera dans cette crise la contenance qu'au cas de rupture entre l'Angleterre et la France observera Sa Majesté le roi de Prusse, et il en résulte une idée assez naturelle que j'ose vous confier et qui est celle : Qu'il plût à Monseigneur le Duc ou à Son Altesse Royale Madame la Duchesse de disposer Sa Majesté Prussienne à déclarer qu'au cas que la France attaquât ou fît mine d'attaquer, à l'occasion des présentes brouilleries en Amérique, les pays allemands du Roi, Sa Majesté Prussienne n'empêchera point, ni directement ni indirectement, Sa Majesté de prendre toutes les mesures possibles pour la défense de ces mêmes pays.

5° Ce sera sûrement la plus grande et la plus essentielle marque d'amitié que Leurs Altesses peuvent donner au Roi, et qui ne laissera d'opérer la plus vive reconnaissance; c'est pourquoi je n'en puis assez recommander l'effectuation à votre droiture et affection pour les intérêts communs des deux sérénissimes maisons, Vous priant pp.

Si vous voulez contracter les chiffres que j'ai posés à la marge ci-dessus, avec ceux que je vais faire, vous trouverez que, sous

1° et à la fin numéro 5, on me dit assez clairement qu'il dépendra de ma conduite et de ma docilité que le mariage réussisse ou non;

2° et 3° qu'on fait apercevoir de vouloir m'imputer comme un manque aux pactes fondamentaux de la maison, der Erbverträge des Gesammthauses, si je reste coi dans le péril dont le pays d'Hanovre est menacé ;

4° que, pour ces deux raisons, on se croît légitimé de prétendre que je négocie auprès de Sa Majesté le Roi votre maître.

Vous vous imaginerez aisément combien me doit être odieux, surtout depuis la vôtre par laquelle je vois que Sa Majesté ne veut pas qu'elle paraisse,247-1 que j'ose m'adresser à elle. J'espère pourtant que Sa Majesté approuvera que je n'aie pas d'abord refusé tout; car, outre que j'aurais terriblement choqué le roi d'Angleterre, et, si je le connais bien, gâté d'un seul coup toute l'affaire, on aurait pris ce refus pour une preuve ouverte que j'étais instruit de Sa Majesté de ne me laisser aucunement mêler de rien, on aurait nécessairement tiré de là des conséquences et attribué à Sa Majesté des sentiments peut-être plus qu'elle-même ne veut pas. Ce sont donc aussi bien les considérations dues à Sa Majesté que celles qui regardent le roi d'Angleterre ou proprement moi-même, qui m'ont déterminé de répondre que je tâcherais d'exposer à Sa Majesté votre maître les sentiments d'Hanovre et que je serais charmé, si Sa Majesté le roi de Prusse se déclarait sur cette matière d'une façon satisfaisante. Il m'a paru que je ne pouvais dire moins, en qualité de prince d'une même maison et obligé par tant de raisons et de pactes, de souhaiter la conservation de la tranquillité dans ces pays voisins. Je vous ai communiqué mot pour mot ce qu'on a écrit, supposant que l'inadvertance du style et de la tournure même ne nuira pas à l'homme qui n'a pas pu penser que sa lettre à un ami passerait en d'autres mains. Il dépendra présentement de Sa Majesté si et de quelle façon je dois répondre ultérieurement; l'unique chose que je souhaite et que j'espère même des hautes lumières et bontés de Sa Majesté, est qu'en toutes ces circonstances elle ne désapprouvera pas ma conduite. Dieu sait que je suis véritablement mortifié que l'affection royale de Sa Majesté envers moi et sa nièce lui doit causer tant d'incommodité. Je suis etc.

[Potsdam, août 1755].

Au prince Ferdinand : D'écrire au Duc qu'il pouvait bien croire que j'avais été très surpris des propositions que le roi d'Angleterre lui faisait, mais, comme il convenait de répondre, que je le priais de dire à son correspondant en mêmes termes  :<248> « Qu'il m'avait sondé sur les propositions du roi d'Angleterre; que j'avais répondu que personne ne pouvait trouver à dire qu'un prince pensât à la sûreté de ses États; qu'on avait fort bien su que le roi d'Angleterre avait fait un traité de subsides avec les Hessois248-1 et ceux de Gotha, que personne ne l'avait contrecarré; que, de ma part, je pensais de même à ma sûreté, et que c'était par cette raison-là que j'aimais à conserver mes alliés et que je serais aussi sensible à leur perte que si le roi d'Angleterre perdait ceux de Gotha ou de Cassel qu'on lui débauchât; que, pour ce qui regarde la guerre présente, je serais charmé de voir la paix rétablie, et que, si je pouvais y contribuer, le roi d'Angleterre pouvait compter que je m'y emploierais avec plaisir ».

Le Duc pourrait insinuer comme de lui-même à la suite ceci qu'il serait à désirer qu'on finît à Hanovre la chicane qu'on m'a faite sur la Frise,248-2 et qu'on accommodât en Angleterre ce qui regarde les prises des vaisseaux.248-3 Il faudra voir ce qu'ils répondront, et par ce moyen le Duc pourra ni plus ni moins réussir pour le mariage de sa fille.

Dieses morgen mitzubringen.

Eigenhändig.248-4



246-3 Vergl. S. 237.

247-1 Vergl. S. 225.

248-1 Vergl. S. 226.

248-2 Vergl. Bd. IX, 484; X, 535.

248-3 Vergl. Bd. IX, 479; X, 528.

248-4 Ein nach dieser Anweisung von dem Cabinetssecretär entworfenes Schreiben ist im Mundum von dem Könige nicht vollzogen worden. Die zum Abgang gekommene umgearbeitete Redaction des Schreibens siehe unter Nr. 6921.