6946. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.

Potsdam, 23 août 1755.

J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 15 de ce mois,270-2 qui, ne m'offrant aucun sujet qui demanderait de nouvelles instructions pour vous, ne m'en laisse d'autre [chose] à vous dire, sinon que de vous recommander encore de faire de votre mieux afin de m'éclaircir au mieux possible sur les circonstances présentes des affaires qui se traitent actuellement entre les deux cours impériales et celle d'Hanovre, par les découvertes que vous en ferez.

J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 18 de ce mois. J'ai été surpris de voir d'abord la variation entre ce que le premier ministre vous avait déclaré de bouche, et entre ce que la note par écrit qu'il vous a remise, comprend au sujet du préalable que j'ai prétendu de la part de la cour de Dresde, avant que d'entrer en négociation sur un nouveau traité de commerce à faire;270-3 ce qui ne me fait pas trop bien augurer sur ses sincères intentions pour remédier à nos différends.

Quoi qu'il en soit, ma volonté est que vous déclarerez rondement au premier ministre que c'était le préliminaire en question sur lequel j'insistais purement et simplement et comme sur une condition sine qua non, de laquelle je ne me départirais jamais, et qu'il faudrait en conséquence que la cour de Dresde fit ce pas préalable, et avant que nous entrerions en aucune négociation ni discussion ultérieure, en levant sans exception toute défense faite au temps de la dernière foire de Leipzig, de même que toute ordonnance faite du depuis pour interdire, troubler ou empêcher le commerce de mes sujets en Saxe, enfin que tout fût remis au même pied par ladite cour que les choses relativement au commerce avaient été avant la dernière foire de Leipzig.

Vous direz rondement au premier ministre que ni moi ni mes intérêts ne perdaient aucunement par les arrangements que j'avais faits en usant de représailles contre les démarches précipitées qu'on avait faites en Saxe pour interrompre le commerce réciproque entre les deux États, mais que j'y trouvais plutôt mon avantage, de sorte que je pourrais laisser les choses sur le pied où elles étaient, et n'étais en conséquence nullement pressé pour l'accommodement; mais que, si je m'étais prêté aux instances que lui, le premier ministre, m'en avait fait faire par<271> vous, c'était plutôt par complaisance pour le Roi son maître que par aucun autre motif; qu'il fallait donc que ce ministre distinguât bien entre ce que je faisais par complaisance, et entre ce qu'une nécessité urgente demanderait, si les choses étaient égales entre nous.

Vous finirez par lui dire que, quand le ministère de Dresde aurait accompli mon préalable prétendu et que de sa part tout serait actuellement remis au pied que je le demandais, nous entrerions en négociation, et que j'aviserais alors ce que je pourrais faire pour lever quelques gros impôts qui avaient été mis de ma part par représailles sur les marchandises des Saxons.

J'attends votre rapport sur tout ceci afin de me décider finalement.

Federic.

Nach dem Concept.



270-2 Vergl. S. 268 Anm. 1.

270-3 Vergl. S. 234.