7118. AU MARGRAVE RÉGNANT DE BAIREUTH.

Potsdam, 6 décembre 1755.

Monsieur mon Cousin, Beau-Frère et Frère. La lettre que Votre Altesse vient de m'écrire du 28 du mois passé, m'est bien parvenue. Je suis charmé d'y trouver des sentiments de modération dignes de Sa façon de penser, à l'égard des machinations et des intrigues secrètes d'une certaine cour voisine et de son ministère corrompu.417-1

Mais, si je dois parler franchement à Votre Altesse, je ne vois pas ce qu'Elle a à craindre pour le repos et la tranquillité du cercle de Franconie et de son voisinage.

Personne ne songe jusqu'ici à remuer en Allemagne.

La cour de Vienne ne pense certainement pas, du moins à l'heure qu'il est, d'entreprendre la première quelque chose dans l'Empire et d'agir offensivement en faveur de ses alliés, contre qui que ce puisse être; elle paraît même fort éloignée jusqu'ici de prendre part à la guerre entre la France et la Grande-Bretagne.417-2

Le roi d'Angleterre, malgré tous les mouvements qu'il se donne de contracter des engagements subsidiaires en Allemagne aussi bien que hors de l'Empire, pour avoir des troupes étrangères à sa disposition,417-3 ne vise qu'à mettre ses États héréditaires en Allemagne à l'abri de toute insulte.

La France, voyant bien que ce n'est pas à ses possessions dans le continent de l'Europe que l'Angleterre en veut, mais bien à celles de l'Amérique septentrionale, à son commerce et à sa navigation, paraît vouloir se renfermer d'abord dans une guerre maritime417-4 et repousser le mal du côté d'où il lui vient.

Mais, comme cette couronne fait pour cet effet des efforts prodigieux pour sa marine et des dépenses énormes pour la faire agir avec vigueur, et que cela absorbe la plus grande partie de ses fonds extraordinaires, je doute beaucoup que cette cour puisse être portée à augmenter les engagements subsidiaires qu'elle a contractés en Allemagne.

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+Cependant, si une occasion favorable se présente pour sonder adroitement le terrain auprès de la France sur ce que Votre Altesse paraît désirer, je ne la laisserai certainement pas échapper, et je saisirai avec plaisir toutes celles que je pourrais rencontrer, pour témoigner à Votre Altesse le tendre intérêt que je prends à Sa prospérité et à Sa satisfaction, et les sentiments de la plus vive amitié et estime avec lesquels je suis invariablement, Monsieur mon Cousin, Beau-Frère et Frère, votre bien bon cousin, beau-frère et frère

Federic.

Nach dem Concept.



417-1 Vergl. S. 409.

417-2 Vergl. S. 405.

417-3 Vergl. S. 227. 388.

417-4 Vergl. S. 267.