<109> quelque négociation secrète entre ces deux cours. Quoique je ne saurais vous assurer à quel point ces soupçons sont fondés, cependant, comme l'on ne saurait savoir à quoi les ministres de France sont capables dans leur première fougue, vous ferez bien d'en parler au sieur de Keith, qui, par les grandes connaissances et les intimités qu'il a des gens d'affaires, saura le mieux pénétrer ce mystère et vous informer du chipotage que la cour de Versailles a commencé avec celle où vous êtes, et des propositions que la France a [faites] à celle-ci. Si c'est effectivement en haine de ma convention faite avec l'Angleterre, je suppose que ces propositions des ministres de France peuvent avoir pour objet de marier une des dames de France à l'archiduc Joseph, de promettre à la cour de Vienne de ne vouloir point s'opposer à l'élection d'un roi des Romains, de garantir les pays de la domination d'Autriche et de promettre de ne point prendre part à une guerre que l'Impératrice-Reine me susciterait pour récupérer la Silésie, mais de rester neutre alors.

Il se peut encore que la France propose la neutralité des Pays-Bas dans la présente guerre, mais de lui laisser la liberté d'attaquer les États d'Hanovre, et que la Reine-Impératrice n'y porte alors aucun secours au roi d'Angleterre, au contraire de m'attaquer, quand je voudrais alors secourir celui-ci pour défendre ses États d'Allemagne. Voilà des idées qui me sont venues à ce sujet. Comme vous concevrez aisément combien il m'importe d'être exactement instruit du chipotage présent de la France avec la cour de Vienne, vous devez mettre toute l'application et savoir-faire pour bien l'approfondir et n'épargner ni argent ni adresse pour vous y bien orienter, afin de pouvoir m'en informer le plus exactement, vu que tout ceci m'intéresse trop pour n'en être pas bien informé.

Federic.

Nach dem Concept.


7269. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 14 février 1756.

J'ai reçu par l'ordinaire dernier le rapport que vous m'avez fait du 30 janvier, et m'attends à présent à en recevoir bientôt de vous des bien plus intéressants. En attendant, je veux bien vous informer que, selon mes dernières lettres de France,1 le ministère y a été fort en humeur et paraît être extrêmement piqué de la convention de neutralité de l'Allemagne que j'ai heureusement arrêtée et conclue avec Sa Majesté Britannique, dès qu'il en a reçu les premières nouvelles de Londres; aussi me marque-t-on que le comte de Starhemberg a eu depuis là de fréquentes et longues conférences avec le sieur Rouillé, dont on soupçonne qu'il est question de quelque négociation secrète entre ces deux cours. Ma volonté est donc que vous vous donnerez tous



1 Vergl. Nr. 7267.