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comme s'il voulait l'endoctriner et le persuader, tandis que le dernier ne fit qu'écouter avec attention, comme un homme qui ne sait trop que répondre; il se trouve dans le cas, ne pouvant encore savoir l'intention de sa cour. Après cet entretien fini, je me retirai, étant assez tard, mais je sais qu'après cela ils ont repris la conversation dans le même coin au delà d'une demi-heure. Le sieur Keith en a été informé par une personne de ses amis, qui a été témoin oculaire, et m'en a averti avant-hier dans la comédie, ajoutant qu'entre toutes les sottises qu'avait faites cette cour-ci, celle de se lier avec la France, serait la plus grande. Je puis me tromper, mais je ne suis pas entièrement de son sentiment, sur quoi je ne m'expliquai pas avec lui, et les choses poussées avec vigueur entre les deux puissances pourraient devenir dangereuses dans l'exécution du plan qu'elles pourraient arranger. Le sieur Keith convient que cette cour est sans doute très piquée, dès qu'on lui fait connaître qu'on peut se passer d'elle … Le vicomte d'Aubeterre est, au reste, inconsolable. Il m'a fait dire par un ami commun, d'une manière fort polie, combien il regrettait que l'évènement survenu le privât de me voir comme ci-devant, me demandant mon amitié et m'assurant de la sienne.“

cer,1 de sorte que je crois que, si d'abord et dans les premiers mouvements de dépit des ministres des deux cours s'est levée parmi eux une idée vague d'une telle ligue, l'exécution n'en ira pas si vite, quand après ils y réfléchiront. Au reste, que tout cela ne vous empêche pas de veiller d'une attention extrême sur tout ce qu'on peut chipoter à ce sujet, afin de m'en pouvoir informer exactement.

Pour satisfaire d'ailleurs à ma curiosité, mandez-moi si la vanité autrichienne ne se trouve pas mortifiée de ce que deux électeurs ont décidé la neutralité de l'Empire, sans en avoir consulté l'Empereur en chef de l'Empire. Je m'imagine que, quelque effort que les ministres autrichiens fassent pour dissimuler leur chagrin sur cet évènement, qu'il faut cependant qu'on en lise en public dans leurs yeux le dépit et la rage qu'ils en ont.

Quant au vicomte d'Aubeterre, je serai bien [aise] qu'autant que les circonstances le voudront permettre, vous viviez sur le même pied qu'autrefois avec lui, et vous pouvez bien lui dire que, jusqu'à présent, je n'étais point brouillé avec sa cour, qui n'ignorait pas à cette heure ce que c'était que la convention en question.

Pour ce qui regarde les arrangements2 de la cour où vous vous trouvez, j'attendrai les nouvelles que vous m'en marquerez.

Federic.

Nach dem Concept.


7285. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Knyphausen berichtet, Paris 9. Februar; „L'on vient de m'assurer que les fréquentes conférences que le comte de Starhemberg3 a eues depuis quelques

Potsdam, 21 février 1756.

J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 9 de ce mois. Je



1 Vergl. B. II, 213.

2 Vergl. S. 122.

3 Vergl. S. 113.