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province, non seulement pour intimider les États-Généraux dans leurs délibérations, mais aussi afin de les mettre en situation de. pouvoir réclamer les contingents auxiliaires que l'Angleterre est par le même traité obligée de leur fournir; incident qui occasionnerait un échange de réquisitions et empêcherait le départ du secours réclamé par la Grande-Bretagne.“1

intimider ou attaquer immédiatement la Hollande? il faudrait avoir préalablement négocié et concerté avec la cour de Vienne le libre passage de ces troupes et être convenu de certaines sûretés, ce qui n'est pas naturel ni du tout à concilier, de sorte que de quel côté que j'envisage cette énigme de politique, je ne saurais jamais la résoudre et serai ainsi bien aise que vous me serviez de bon Œdipe en cela.

Je regarde l'envoi du marquis de Valory à ma cour2 comme une politique du ministère de France pour me rassurer contre les mesures que ce ministère voudrait bien prendre.

Si le comte d'Argenson désire d'entraîner sa cour dans une guerre de terre, je ne comprends pas les moyens dont il l'effectuera, sans que la Reine-Impératrice y soit mêlée, et d'ailleurs n'aurait-il pas à essuyer les mêmes difficultés de la part de Madame de Pompadour qu'autrefois?3

Enfin, je crois pour conclusion que, dans le premier emportement qu'a eu le sieur de Rouillé, quand il a reçu les premières nouvelles, quoique fort défectueuses, de ma convention de neutralité, qui l'ont fort irrité, il a entamé une négociation avec les Autrichiens, dont apparemment il n'a pas prévu d'abord toutes les conséquences, mais dont la cour de Vienne songe de profiter pour parvenir à ses desseins et planter alors la France.

Je ne saurais finir encore, sans vous communiquer une autre idée sur laquelle la Reine-Impératrice voudrait conclure avec la France, en lui proposant qu'elle ne se mêlerait du tout de la guerre présente entre la France et l'Angleterre, en laissant agir librement celle-là selon sa convenance, à condition toujours que la France de son côté ne se mêlerait de rien, quand la Reine-Impératrice trouvera bon de faire la guerre à moi. Dans ce cas-là, je ne perdrais pas trop considérablement, vu qu'entre nous soit dit, je ne présume pas que j'aurais eu à m'attendre des secours bien considérables et efficaces de la France, si la guerre était arrivée, dans le temps passé, entre moi et l'Impératrice-Reine. Voilà bien des conjectures que je vous communique pour votre direction et afin de vous mettre sur les voies pour les approfondir au mieux.

Au reste, j'attends avec impatience vos rapports, tant au sujet de votre entretien avec Madame de Pompadour,4 quand vous l'aurez eu, que sur l'effet que les propositions d'accommodement que les ministres



1 England hatte im Haag die Leistung der bundesmässigen Hülfe von 6000 Mann im Fall einer französischen Landung in England (vergl. S. 170) in Anspruch genommen.

2 Vergl. S. 169.

3 Vergl. Bd. IX, 351; XI, 267..

4 Vergl. S. 98.