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le-champ une vengeance éclatante des premières insultes faites à son pavillon par l'amiral Boscawen,1 si les assurances que le roi de la Grande-Bretagne n'avait cessé de Lui donner du désir dont il était animé pour le maintien de la paix, ne lui etissent fait espérer que cet amiral avait agi sans ordre et que ce Prince aurait désavoué à son retour en Angleterre2 une démarche aussi irrégulière et aussi opposée au droit des gens et aux bienséances que toutes les nations policées avaient coutume d'observer. Mais que, comme Sa Majesté Britannique, loin de remplir une pareille attente, avait non seulement donné des ordres pour continuer les pirateries qui avaient été commencées contre la France pendant son absence, mais avait même demandé publiquement des secours à son Parlement contre ce royaume,3 et qu'il était prouvé, d'ailleurs, de la façon la plus incontestable que le gouvernement d'Angleterre avait prémédité dès l'année 17544 les démarches offensives qu'il avait exécutées l'année suivante contre les possessions de la France en Amérique, Sa Majesté Très Chrétienne ne saurait contenir plus longtemps, sans manquer à sa gloire et à la protection qu'elle devait à ses sujets, le juste ressentiment que lui inspiraient des procédés aussi iniques. Qu'avant cependant d'en faire éclater les effets, elle avait jugé à propos, afin de donner à toute l'Europe une dernière preuve de sa modération, de requérir publiquement Sa Majesté Britannique de remettre en liberté sans aucun délai tous les navires, tant de guerre que marchands, portant pavillon français, qui avaient été pris par ses armateurs, avec leurs équipages et cargaisons; qu'eu pareil cas Sa Majesté Très Chrétienne serait encore disposée à renouer la négociation qu'elle avait entamée ci-devant avec l'Angleterre,5 et à se concilier avec elle sur les moyens de satisfaction qu'elle avait droit d'exiger en réparation des insultes faites à son pavillon; mais que si, contre toute espérance, Sa Majesté Britannique ne se prêtait point à une de-

réponse là-dessus sera peu satisfaisante, au moins présentement.

Je doute encore que ni le Danemark ni la Suède se mettent en grands frais pour se prêter aux vues de la France pour une union de leurs forces maritimes,6 quand même les Anglais leur enlèveront quelques vaisseaux, sous prétexte d'avoir porté de la contrebande. A quelle occasion, je remarque, et vous ne laisserez pas de le relever, si l'occasion convenable s'y présente, que les puissances mercenaires de la France ne veuillent rien faire pour elle; à quoi elles seraient cependant plutôt obligées que celles qui sont simplement en traités avec elle.7

C'est une espèce de justice que le ministère de France me fait, quand il commence à ouvrir les yeux sur l'attachement du baron de Bernstorff à l'Angleterre; vous ne sauriez pas ignorer qu'il y a plus de six ou huit ans que j'en ai informé ce ministère et l'ai averti d'être en garde contre lui,8 mais que, malheureusement, on n'ajouta point foi à mes avis et les supposa de prévention contre ledit baron de Bernstorff;9 à présent, que la faute est faite et que ce ministre s'est trop ancré à la cour de Copenhague, il sera très difficile de le culbuter.

Les nouvelles que je reçois des frontières de mes États, continuent d'être assez singulières; l'on vient de me mander que les Autrichiens ont tiré de la Hongrie



1 Vergl. Bd. XI, 224.

2 Vergl. Bd. XI, 473.

3 Vergl. Bd. XI, 398.

4 Vergl. Bd. X, 447. 448.

5 Vergl. Bd. XI, 478.

6 Vergl. Bd. XI, 473.

7 Vergl. S. 49.

8 Vergl. Bd. III, 265. 274; VIII, 5. 220. 489—491; IX, 477; X, 49. 201; XI, 228.

9 Vergl. Bd. IX, 478.