7197. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Berlin, 13 janvier 1756.

Le rapport que vous m'avez fait du 3 de ce mois, m'a été bien rendu. Si je me suis plaint envers vous de ce que les rapports que vous m'avez faits, ont été depuis quelque temps peu exacts ni intéressants,34-7 je ne puis dire encore autrement, sinon que, [vu] la situation présente des affaires très critique, et en considération des desseins dont la cour où vous êtes paraît préparer l'exécution, vos derniers rapports m'ont paru bien faibles et languissants, au lieu que les circonstances où nous vivons actuellement, exigent qu'ils dussent être les plus instructifs pour moi, en me donnant les avertissements les plus exacts et les plus justes. Aussi en attribué-je la faute principalement à ce que vous avez manqué de vous préparer à temps de bons canaux pour avoir de bonnes notices conformément aux instructions que je vous avais données moimême à différentes occasions. Mais comme, malgré cela, je connais votre zèle pour mon service, je suis persuadé que vous tâcherez à remédier<35> au possible à ce défaut et vous appliquerez à me rendre plus intéressantes vos dépêches.

Ce que je vous ai déjà appris par rapport au régiment de Maroshussards que la cour où vous êtes a mis aux frontières de ma Haute-Silésie,35-1 a été masqué par le prétexte d'empêcher par là la contrebande des faux-sauniers, mais, pour peu qu'on soit intelligent, on en pénètre assez les mauvaises vues que ladite cour y voudrait cacher, et qu'elle ne cherche par là qu'à préparer de longue main les arrangements pour l'exécution de ses desseins, sans que l'on doive s'en apercevoir; mais pour y voir tout clair encore, il y a deux articles encore sur lesquels vous devez diriger bien votre attention, afin de pouvoir m'en faire des rapports justes et très exacts, savoir en quels lieux ils ont fait amasser des magasins de vivres, en Moravie et en Bohême, et si, d'ailleurs, on fait approcher leur cavalerie en Hongrie plus près des frontières de l'Autriche qu'elle a été auparavant. Sur quoi, vous veillerez avec tous les soins possibles, afin de m'en bien informer.

Quant aux subsides de l'Angleterre auxquels la cour où vous êtes s'attend,35-2 vous pouvez croire que certainement le roi d'Angleterre n'est pas en état de lui en donner présentement, et que, quand même il aurait l'envie de le faire, le Parlement n'y consentirait pas.

Il n'est point à douter, au reste, que, si vous êtes encore sans nouvelles de Constantinople, il n'en faut attribuer la faute qu'à la révolte de Belgrade.35-3

Federic.

Nach dem Concept.



34-7 Vergl. S. 28; Bd. XI, 453.

35-1 Vergl. S. 29.

35-2 Vergl. Bd. XI, 315.

35-3 Vergl. S. 18.